ssivement
admirer de pres la merveille, qui bientot, avec la permission du
roi, passa de main en main.
Aussitot tous, connaisseurs ou non, s'exclamerent de surprise et
accablerent le roi de felicitations.
Il y avait, en effet, de quoi admirer pour tout le monde; les
brillants pour ceux-ci, la gravure pour ceux-la.
Les dames manifestaient visiblement leur impatience de voir un
pareil tresor accapare par les cavaliers.
-- Messieurs, messieurs, dit le roi a qui rien n'echappait, on
dirait, en verite, que vous portez des bracelets comme les Sabins:
passez-les donc un peu aux dames, qui me paraissent avoir a juste
titre la pretention de s'y connaitre mieux que vous.
Ces mots semblerent a Madame le commencement d'une decision
qu'elle attendait.
Elle puisait, d'ailleurs, cette bienheureuse croyance dans les
yeux de la reine mere.
Le courtisan qui les tenait au moment ou le roi jetait cette
observation au milieu de l'agitation generale se hata de deposer
les bracelets entre les mains de la reine Marie-Therese, qui,
sachant bien, pauvre femme! qu'ils ne lui etaient pas destines,
les regarda a peine et les passa presque aussitot a Madame.
Celle-ci et, plus particulierement qu'elle encore, Monsieur
donnerent aux bracelets un long regard de convoitise.
Puis elle passa les joyaux aux dames ses voisines, en prononcant
ce seul mot, mais avec un accent qui valait une longue phrase:
-- Magnifiques!
Les dames, qui avaient recu les bracelets des mains de Madame,
mirent le temps qui leur convint a les examiner, puis elles les
firent circuler en les poussant a droite.
Pendant ce temps, le roi s'entretenait tranquillement avec
de Guiche et Fouquet.
Il laissait parler plutot qu'il n'ecoutait.
Habituee a certains tours de phrases, son oreille comme celle de
tous les hommes qui exercent sur d'autres hommes une superiorite
incontestable, ne prenait des discours semes ca et la que
l'indispensable mot qui merite une reponse.
Quant a son attention, elle etait autre part.
Elle errait avec ses yeux.
Mlle de Tonnay-Charente etait la derniere des dames inscrites pour
les billets, et, comme si elle eut pris rang selon son inscription
sur la liste, elle n'avait apres elle que Montalais et La
Valliere.
Lorsque les bracelets arriverent a ces deux dernieres, on parut ne
plus s'en occuper.
L'humilite des mains qui maniaient momentanement ces joyaux leur
otait toute leur importance.
Ce qui n'empecha point Mont
|