re l'avenir."
"Les Elfes demeurent dans les marais, au bord des fleuves, disent encore
les paysans danois; ils prennent la forme d'un homme vieux, petit, avec un
large chapeau sur la tete. Leurs femmes sont jeunes, belles, et d'un aspect
attrayant, mais par derriere elles sont creuses et vides. Les jeunes gens
doivent surtout les eviter. Elles savent jouer d'un instrument delicieux
qui trouble l'esprit. On rencontre souvent les Elfes se baignant dans les
eaux qu'ils habitent. Si un mortel ose approcher d'eux, ils ouvrent leur
bouche, et, atteint du souffle qui s'en echappe, l'imprudent meurt
empoisonne."
"Souvent, par un beau clair de lune, on voit les femmes des Elfes danser en
rond sur les vertes prairies; un charme irresistible entraine ceux qui les
rencontrent a danser avec elles: malheur a qui succombe a ce desir! car
elles emportent l'imprudent dans une ronde si vive, si animee, si rapide
qu'il tombe bientot sans vie sur le gazon. Plusieurs ballades ont perpetue
le souvenir de ces terribles morts."
"Ces Elfes habitants des eaux s'appellent _Nokkes_, chez les Danois.
Beaucoup de souvenirs se rattachent a eux. Tantot on croit les voir au
milieu d'une nuit d'ete, rasant la surface des ondes, sous la forme de
petits enfants aux longs cheveux d'or, un chaperon rouge sur la tete.
Tantot ils courent sur le rivage, semblables aux centaures, ou bien sous
l'apparence d'un vieillard, avec une longue barbe dont l'eau s'echappe, ils
sont assis au milieu des rochers."
"Les Nokkes punissent severement les jeunes filles infideles, et quand ils
aiment une mortelle, ils sont doux et faciles a tromper. Grands musiciens,
on les voit assis au milieu de l'eau, touchant une harpe d'or qui a le
pouvoir d'animer toute la nature. Quand on veut apprendre la musique avec
de pareils maitres, il faut se presenter a l'un d'eux avec un agneau noir,
et lui promettre qu'il sera sauve comme les autres hommes et ressuscitera
au jour solennel."
A ce propos, M. Leroux de Lincy[1] fait le recit suivant d'apres
Keightley[2]: "Deux enfants jouaient au bord d'une riviere qui coulait au
pied de la maison de leur pere. Un Nokke parut, et, s'etant assis sur les
eaux, il commenca un air sur sa harpe d'or. Mais l'un des enfants lui dit:
"A quoi ton chant peut-il te servir, bon Nokke; tu ne seras jamais sauve."
A ces paroles, l'esprit fondit en larmes et de longs soupirs s'echapperent
de son sein. Les enfants revinrent chez eux et dirent cette aventure
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