aitre, d'apres Wier "les convulsions monstrueuses et
innombrables advenues aux nonnains du couvent de Kentorp en la cote de la
Marche pres Hammone. Un peu devant leurs acces et durant celui, elles
poussoient de leur bouche une puante haleine, qui continuoit parfois
quelques heures. En leur mal aucunes ne laissoient d'avoir l'entendement
sain, d'ouir et de reconnoistre ceux qui estoyent autour d'elles, encore
qu'a cause des convulsions de la langue et des parties servantes a la
respiration elles ne peussent parler durant l'acces. Or estoyent les unes
plus tourmentees que les autres et quelques-unes moins. Mais ceci leur
estoit commun, qu'aussitost que l'une estoit tourmentee, au seul bruit les
autres separees en diverses chambres estoyent tourmentees aussi. Ayant
envoye vers un devin, qui leur dit qu'elles avoient ete empoisonnees par
leur cuisiniere nommee Else Kamense, le diable empoignant ceste occasion
commenca a les tourmenter plus que devant et les induisit a s'entremordre,
entrebattre et se jeter par terre les unes les autres. Apres qu'Else et sa
mere eurent este bruslees, quelques-uns des habitants de Hammone
commencerent a estre tourmentez du malin esprit. Le pasteur de l'eglise en
appela cinq en son logis afin de les instruire et fortifier contre les
impostures de l'ennemi. Ils commencerent a se mocquer du pasteur et a
nommer certaines femmes du lieu, chez lesquelles ils disoyent vouloir
aller, montez sur des boucs, qui les y porteroient. Incontinent l'un d'eux
se met a chevauchon sur une escabelle, s'escriant qu'il alloit et estoit
porte la. Un autre se mettant a croupeton se recourba du tout en devant
puis se roula vers la porte de la chambre, par laquelle soudain ouverte il
se jetta et tomba du haut en bas des degres sans se faire mal."
[Note 1: _Thresor d'histoires admirables_, t. I, p. 143.]
"Les nonnains du couvent de Nazareth, a Cologne, dit le meme auteur[1],
furent presque tourmentees comme celles de Kentorp. Ayant este par long
espace de temps tempestees en diverses sortes par le diable, elles le
furent encore plus horriblement l'an 1564, car elles estoyent couchees par
terre et rebrassees comme pour avoir compagnie d'hommes. Durant laquelle
indignite leurs yeux demeuroyent clos, qu'elles ouvroyent apres
honteusement et comme si elles eussent endure quelque grieve peine. Une
fort jeune fille nommee Gertrude, aagee de quatorze ans, laquelle avoit
este enfermee en ce couvent ouvrit la porte a tout
|