fenetres affreusement gauchies.
Le mobilier etait a l'avenant.
--Comme tout s'use! gemissait la Fortin. Il n'y a pas dix ans que j'ai
achete mes meubles!
Il y en avait plus de quinze, et encore les avait-elle achetes
d'occasion et deja presque hors de service.
Aussi les rideaux ne conservaient-ils qu'une nuance vague de leur
primitive couleur. Le lit etait presque entierement deplaque. Pas une
serrure ne jouait, du secretaire, ni de la commode. La descente de lit
n'etait plus qu'une loque infame, et il fallait se defier du divan
dont les elastiques brises percaient l'etoffe eraillee, et se
dressaient comme des lames de poignard.
L'objet le plus somptueux etait un enorme poele de faience, qui tenait
presque la moitie de l'antichambre-salle-a-manger. On ne pouvait
songer a y faire du feu, puisqu'il n'y avait pas de tuyau. La Fortin
n'en refusait pas moins obstinement de le retirer, sous ce pretexte
qu'il donnait a l'appartement quelque chose de bourgeois et de cossu.
Tout ce confort coutait a Maxence quarante-cinq francs par mois, plus
cinq francs pour le service, payables d'avance, du 1er au 3. C'etait
la regle invariable de l'hotel. Si le 4 un locataire se presentait
sans argent, carrement la Fortin lui refusait sa clef, et l'engageait
a chercher un gite ailleurs.
--J'y ai ete trop prise, repondait-elle a ceux qui essayaient
d'obtenir vingt-quatre heures de repit. Et a mon propre pere, qui
etait l'honneur meme, et officier superieur des armees de Napoleon, je
ne ferais pas credit jusqu'au 5!
C'est le hasard seul qui, apres la Commune, avait amene Maxence a
l'_Hotel des Folies_.
Et il n'y etait pas depuis une semaine, qu'il se jurait bien de ne pas
deteriorer longtemps le mobilier bourgeois des epoux Fortin.
Deja meme, il avait cherche et trouve un logement plus convenable
et moins cher, quand une rencontre qu'il fit sur l'escalier vint
soudainement modifier toutes ses idees, et donner a son appartement un
charme qu'il ne lui soupconnait pas.
Il y avait bientot un an, de cela.
Comme il sortait, un matin, se rendant a son bureau, il se croisa sur
le palier meme, avec une jeune fille assez grande et tres-brune, qui
montait en courant.
Elle passa devant lui comme un trait, ouvrit la porte en face et
disparut.
Mais si rapide qu'eut ete l'apparition, elle laissait dans l'esprit de
Maxence une de ces empreintes qui ne s'effacent plus.
De toute la journee, il lui fut impossible de penser a aut
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