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n que je n'avais plus rien a redouter de la destinee, et c'est d'un oeil tranquille que j'envisageais l'avenir. Je travaillais d'un tel coeur, que j'en etais arrivee, au bout d'un mois, a gagner de quatre a cinq francs par jour, quand une apres-midi, je vis arriver chez moi un gros homme, tres-bien mis, a l'air loyal et bon enfant, et qui s'exprimait assez difficilement en francais. Il etait Americain, me dit-il, et m'etait adresse par la patronne pour laquelle je travaillais. Ayant besoin d'une habile ouvriere parisienne, il venait me proposer de le suivre a New-York, ou il m'assurerait une brillante position. Mais je connaissais plusieurs pauvres filles, qui sur la foi de promesses eblouissantes s'etaient expatriees. Une fois a l'etranger, elles avaient ete miserablement abandonnees, et en avaient ete reduites, pour ne pas mourir de faim, aux plus epouvantables expedients. Je refusai donc, en avouant les raisons de mon refus. Mon visiteur aussitot se recria. Pour qui donc le prenais-je? C'etait la fortune que je repoussais. Il me garantissait a New-York le logement, la table et des appointements de deux cents francs par mois. Il prenait a sa charge tous les frais de voyage et de deplacement. Et pour me prouver la purete de ses intentions, il etait pret, declarait-il, a signer un traite et a me verser une somme de mille francs. Dame! c'etait si seduisant que ma resolution chancela. --Eh bien! lui dis-je, accordez-moi vingt-quatre heures de reflexion. Je veux consulter ma patronne. Il en parut extremement contrarie, mais ne pouvant me faire revenir sur cette determination, il me quitta en me promettant de revenir le lendemain chercher ma reponse definitive. Aussitot, je courus chez ma patronne. Elle ne comprit rien a ce que je lui contais; elle ne m'avait envoye personne; elle ne connaissait aucun Americain... Je ne le revis plus, comme de raison, et cette aventure singuliere ne laissait pas que de me tracasser un peu, quand un soir de la semaine suivante, comme je rentrais chez moi, vers onze heures, deux agents de police m'arreterent, et malgre mes protestations, me conduisirent au poste, ou je fus enfermee avec une douzaine de malheureuses qu'on venait de prendre sur le boulevard. Je passais la nuit a pleurer de honte et de colere, et je ne sais trop tout ce qui serait advenu, si l'officier de paix qui m'interrogea le matin ne s'etait trouve un homme juste et bon. Des que je lui eus expos
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