je puis les realiser... au-dela de ce que vous avez
reve.
--Madame, balbutia Centurion agenouille, si vous faites ce que vous
dites, je serai votre esclave!
--Je le ferai, dit Fausta resolument. Tu auras tes lettres de noblesse
en bonne et due forme et d'une authenticite indiscutable; je t'eleverai
au-dessus de ceux qui t'ecrasent. Et, quant a ta fortune, ce que tu as
deja recu de moi n'est rien, compare a ce que je te donnerai. Mais, tu
l'as dit, tu seras mon esclave.
--Parlez... ordonnez...
Fausta etait a demi allongee dans un fauteuil monumental. Ses pieds,
chausses de mules de satin blanc, croises l'un sur l'autre, etaient
poses sur un coussin de soie brochee, place lui-meme sur un large
tabouret de tapisserie. Ainsi poses, ses pieds croises depassaient
le bord du coussin. Centurion s'etait prosterne, et, comme pour bien
marquer qu'elle etait pour lui une divinite, pour prouver qu'il
entendait rester, au pied de la lettre, le chien soumis dont il avait
parle, il franchit en rampant la distance qui le separait de Fausta et
posa devotement ses levres sur la pointe du soulier.
Il y avait, certes, dans ce geste imprevu, une intention d'hommage
religieux comme on en avait rendu souvent a Fausta alors qu'elle pouvait
se croire papesse.
Mais Centurion avait exagere le geste qui avait on ne sait quoi de vil
dans sa bassesse outree.
Cependant, Fausta avait sans doute un plan bien arrete a l'egard de
Centurion car, et bien qu'elle eut un geste de repulsion, elle ne retira
pas son pied. Au contraire, elle se pencha sur lui et, posant sa main
blanche et fine sur la tete du bravo prosterne, elle le maintint un
inappreciable instant les levres collees sur la semelle, puis, retirant
son pied, brusquement, elle le lui posa sur la tete, appuyant fortement
dessus, sans menagement, et, le tenant ainsi ecrase dans cette pose plus
qu'humiliee, elle dit de sa voix chaude et douce comme une caresse:
--J'accepte ton hommage. Sois fidele et soumis comme un chien fidele et
je te serai bon maitre.
Ayant dit, elle retira son pied. Centurion redressa son front courbe,
mais resta agenouille.
Et, sur un ton de souveraine autorite:
--S'il est juste que vous vous humiliez devant moi qui suis votre
maitre, il est juste aussi que vous appreniez a vous redresser et a
regarder les plus grands, car bientot vous serez leur egal!
Centurion se releva, ivre de joie et d'orgueil. Il exultait, le
sacripant! Enfin, il allait donc po
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