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aunes; parce que la compagne de sa vie etait la matrone la plus belle et la plus sage de la paroisse, et qu'elle avait de la cervelle pour deux. Et elle faisait bien d'avoir de la cervelle pour deux; car lui, Maso, en depit de son faux air de dieu antique, en depit de sa force, en depit de sa barbe, n'etait qu'un grand enfant. II Apres avoir vaillamment peine, en bon pere de famille, pendant toute la premiere partie du jour, Maso ota son rustique chapeau de paille, essuya de son bras nu la sueur de son front, et dit en riant: "Mes enfants, je crois que c'est assez pour une fois! Allons voir si la maitresse a pense a nous. Qui m'aime me suive!" Tous l'aimaient, tous le suivirent en riant jusqu'a l'endroit ou la maitresse avait prepare le repas des vendangeurs. C'etait un repas frugal, mais il avait ete apprete avec tant de soin et de proprete, le travail avait si bien aiguise l'appetit des travailleurs, que les convives le savourerent comme si c'eut ete un festin de nectar et d'ambroisie. Le repas termine, les vendangeurs se separerent, et chacun d'eux chercha un bon petit coin a l'ombre pour y faire la sieste. Maso, au lieu de suivre leur exemple, tira sa femme a part et lui demanda ce qu'elle avait fait de Nino. Nino etait le dernier-ne de la famille, et par consequent le Benjamin. Nino dormait du sommeil de l'innocence, dans une corbeille, a l'ombre. Maso pensa en lui-meme que Nino aurait pu mieux choisir son temps pour dormir, mais il eut la sagesse de garder cette reflexion pour lui. Alors, prenant son parti en brave, il se donna le plaisir de regarder dormir Nino. Mais, en verite, c'etait un plaisir bien fade, compare a celui de le prendre dans ses bras, de le taquiner pour le faire jaser, de se laisser tirer la barbe et les cheveux, ou meme de se laisser egratigner les mains et la figure par ses griffes de chat. La mere, ayant quelques ordres a donner et quelques soins a prendre, laissa ses deux enfants ensemble, le grand et le petit, non sans dire au grand: "Et surtout ne le reveille pas!" III "Comme elle me connait bien!" se dit Maso, emerveille de la perspicacite de sa femme. Comment avait-elle pu deviner qu'il avait concu l'idee de reveiller son petit camarade de jeux? Car cette idee, il l'avait concue un moment. Desormais il fallait y renoncer. Cependant Nino semblait faire expres de dormir plus longtemps que d'habitude. La patience de Maso etait a bout. Et, pour resister a la
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