e son malheur pour lui en vouloir de ses mauvaises manieres.
"Il faudra, dit M. Klipmann, oui, certainement il faudra....
--Prendre soin de lui, reprit Francoise, qui etait habituee depuis
longtemps a achever les phrases que son maitre laissait toujours
inachevees.
--Prendre soin de lui, oui, certainement! C'est bien cela, prendre soin
de lui,... et puis lui faire comprendre, une bonne fois pour toutes....
(ici le petit garcon regarda son oncle d'un air mefiant), une bonne fois
pour toutes, qu'il ne doit jamais entrer dans le laboratoire, mais que
tout le reste de la maison est a lui." (Ici le petit garcon sourit.
Il etait laid, le pauvre-petit, mais il avait un sourire reellement
agreable.)
"Jamais dans le laboratoire!" reprit M. Klipmann en levant l'index de
la main droite. Le petit Charles fit un signe de tete. "Le reste de la
maison est a toi." Cette fois Charles fit deux signes de tete au lieu
d'un.
"Le reste va tout seul", ajouta M. Klipmann en poussant un soupir
de soulagement. Comme il se sauvait, impatient de retourner a ses
experiences et a ses manipulations, Francoise lui dit: "Monsieur
n'oubliera pas d'oter ses habits propres pour aller faire ses
cuisineries!"
Monsieur fit signe que c'etait une chose entendue; ce qui ne l'empecha
pas d'aller tout droit au laboratoire et de s'emparer d'une fiole qu'il
se mit a considerer d'abord, puis a secouer ensuite, toujours en costume
de ceremonie, le chapeau sur la tete.
Sous pretexte de montrer au petit Charles l'endroit ou il ne devait
jamais mettre les pieds, Francoise s'en alla tout droit au laboratoire,
tenant toujours le petit garcon par la main.
"La, dit-elle, maintenant que Monsieur a bien regarde sa petite
bouteille, il va aller changer de vetements.
--Ca a reussi, repondit M. Klipmann en lui montrant la petite fiole.
--J'en suis bien aise pour Monsieur, dit Francoise avec complaisance.
Les vieux effets de Monsieur sont tout prets sur le lit."
M. Klipmann comprit qu'il fallait obeir. Apres avoir jete un dernier
regard de satisfaction sur sa fiole, il obeit sans resistance.
Tout le temps qu'avait dure cette scene, le petit Charles avait jete
des regards pleins de sagacite et de penetration tantot sur la vieille
bonne, tantot sur le vieux chimiste. Et, dans son intelligence d'enfant
de quatre ans, il comprit vaguement que l'oncle Klipmann etait un
enfant comme lui, seulement plus grand et plus vieux, et que c'etait a
Francoise qu'il fal
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