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disponibles. Canclaux se fit donner vingt mille hommes, dont quatorze
mille pris a l'armee de Brest, et six a celle de Cherbourg. Avec ce
renfort il doubla tous les postes, fit reprendre le camp de Sorinieres
pres de Nantes, recemment enleve par Charette, et se porta en forces sur
le Layon, qui formait la ligne defensive de Stofflet dans le Haut-Anjou.
Apres avoir pris cette attitude imposante, il repandit en quantite les
decrets et la proclamation de la convention, et envoya des emissaires
dans tout le pays.
Hoche, habitue a la grande guerre, doue de qualites superieures pour la
faire, se voyait avec desespoir condamne a une guerre civile sans
generosite, sans combinaisons, sans gloire. Il avait d'abord demande son
remplacement; mais il s'etait resigne bientot a servir son pays dans un
poste desagreable et trop obscur pour ses talens. Il allait etre
recompense de cette resignation en trouvant, sur le theatre meme qu'il
voulait quitter, l'occasion de deployer les qualites d'un homme d'etat
autant que celles d'un general. Son armee etait entierement affaiblie
par les renforts envoyes a Canclaux; il avait a peine quarante mille
hommes mal organises pour garder un pays coupe, montagneux, boise, et
plus de trois cent cinquante lieues de cotes depuis Cherbourg jusqu'a
Brest. On lui promit douze mille hommes tires du Nord. Il demandait
surtout des soldats habitues a la discipline, et il se mit aussitot a
corriger les siens des habitudes contractees dans la guerre civile. "Il
faut, disait-il, ne mettre en tete de nos colonnes que des hommes
disciplines, qui puissent se montrer aussi vaillans que moderes, et etre
des mediateurs autant que des soldats." Il les avait formes en une
multitude de petits camps, et il leur recommandait de se repandre par
troupes de quarante et cinquante, de chercher a acquerir la connaissance
des lieux, de s'habituer a cette guerre de surprises, de lutter
d'artifice avec les chouans, de parler aux paysans, de se lier avec eux,
de les rassurer, de s'attirer leur amitie et meme leur concours. "Ne
perdons jamais de vue, ecrivait-il a ses officiers, que la politique
doit avoir beaucoup de part a cette guerre. Employons tour a tour
l'humanite, la vertu, la probite, la force, la ruse, et toujours la
dignite qui convient a des republicains." En peu de temps il avait donne
a cette armee un autre aspect et une autre attitude; l'ordre
indispensable a la pacification y etait revenu. C'est lui qui, melant
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