avancer vers une grande porte
en chene, ornee d'armoiries et de ciselures; mais la Tatare
l'arreta, et lui montra une petite porte decoupee dans le mur de
cote. Ils entrerent dans un corridor, puis dans une chambre
qu'Andry examina avec attention. Le mince rayon du jour, qui
s'introduisait par une fente des contrevents, posait une raie
lumineuse sur un rideau d'etoffe rouge, sur une corniche doree,
sur un cadre de tableau. La Tatare dit a Andry de rester la; puis
elle ouvrit la porte d'une autre chambre ou brillait de la
lumiere. Il entendit le faible chuchotement d'une voix qui le fit
tressaillir. Au moment ou la porte s'etait ouverte, il avait
apercu la svelte figure d'une jeune femme. La Tatare revint
bientot, et lui dit d'entrer. Il passa le seuil, et la porte se
reforma derriere lui. Deux cierges etaient allumes dans la
chambre, ainsi qu'une lampe devant une sainte image, sous
laquelle, suivant l'usage catholique, se trouvait un prie-Dieu.
Mais ce n'etait point la ce que cherchaient ses regards. Il tourna
la tete d'un autre cote, et vit une femme qui semblait s'etre
arretee au milieu d'un mouvement rapide. Elle s'elancait vers lui,
mais se tenait immobile. Lui-meme resta cloue sur sa place. Ce
n'etait pas la personne qu'il croyait revoir, celle qu'il avait
connue. Elle etait devenue bien plus belle. Naguere, il y avait en
elle quelque chose d'incomplet, d'inacheve: maintenant, elle
ressemblait a la creation d'un artiste qui vient de lui donner la
derniere main; naguere c'etait une jeune fille espiegle,
maintenant c'etait une femme accomplie, et dans toute la splendeur
de sa beaute. Ses yeux leves n'exprimaient plus une simple ebauche
du sentiment, mais le sentiment complet. N'ayant pas eu le temps
de secher, ses larmes repandaient sur son regard un vernis
brillant. Son cou, ses epaules et sa gorge avaient atteint les
vraies limites de la beaute developpee. Une partie de ses epaisses
tresses de cheveux etaient retenues sur la tete par un peigne; les
autres tombaient en longues ondulations sur ses epaules et ses
bras. Non seulement sa grande paleur n'alterait pas sa beaute,
mais elle lui donnait au contraire un charme irresistible. Andry
ressentait comme une terreur religieuse; il continuait a se tenir
immobile. Elle aussi restait frappee a l'aspect du jeune Cosaque
qui se montrait avec les avantages de sa male jeunesse. La fermete
brillait dans ses yeux couverts d'un sourcil de velours; la sante
et la fraicheur su
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