n chien lache.
-- Pere, qu'as-tu fait? c'est toi qui l'as tue? dit Ostap, qui
arrivait en ce moment.
Tarass fit de la tete un signe affirmatif.
Ostap regarda fixement le mort dans les yeux. Il regretta son
frere, et dit:
-- Pere, livrons-le honorablement a la terre, afin que les ennemis
ne puissent l'insulter, et que les oiseaux de proie n'emportent
pas les lambeaux de sa chair.
-- On l'enterrera bien sans nous, dit Tarass; et il aura des
pleureurs et des pleureuses.
Et pendant deux minutes, il pensa:
-- Faut-il le jeter aux loups qui rodent sur la terre humaine, ou
bien respecter en lui la vaillance du chevalier, que chaque brave
doit honorer en qui que ce soit?
Il regarde, et voit Golokopitenko galoper vers lui.
-- Malheur! _ataman_. Les Polonais se sont fortifies, il leur est
venu un renfort de troupes fraiches.
Golokopitenko n'a pas acheve que Vovtousenko accourt:
-- Malheur! _ataman_. Encore une force nouvelle qui fend sur nous.
Vovtousenko n'a pas acheve que Pisarenko arrive en courant, mais
sans cheval:
-- Ou es-tu, pere? les Cosaques te cherchent. Deja l'_ataman_ de
_kouren_ Nevilitchki est tue; Zadorojny est tue; Tcherevitchenko
est tue; mais les Cosaques tiennent encore; ils ne veulent pas
mourir, sans t'avoir vu une derniere fois dans les yeux; ils
veulent que tu les regardes a l'heure de la mort.
-- A cheval, Ostap! dit Tarass.
Et il se hata pour trouver encore debout les Cosaques, pour
savourer leur vue une derniere fois, et pour qu'ils pussent
regarder leur _ataman_ avant de mourir. Mais il n'etait pas sorti
du bois avec les siens, que les forces ennemies avaient cerne le
bois de tous cotes, et que partout, a travers les arbres, se
montraient des cavaliers armes de sabres et de lances.
-- Ostap! Ostap! tiens Ferme, s'ecria Tarass.
Et lui-meme, tirant son sabre, se mit a echarper les premiers qui
lui tomberent sous la main. Deja six polonais se sont a la fois
rues sur Ostap; mais il parait qu'ils ont mal choisi le moment. A
l'un, la tete a saute des epaules; l'autre a fait la culbute en
arriere; le troisieme recoit un coup de lance dans les cotes; le
quatrieme, plus audacieux, a evite la balle d'Ostap en baissant la
tete, et la balle brulante a frappe le cou de son cheval qui,
furieux, se cabre, roule a terre, et ecrase sous lui son cavalier.
-- Bien, fils, bien, Ostap! criait Tarass; voici que je viens a
toi.
Lui-meme repoussait les assaillants. Tarass multipli
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