naut de Bauleande, Ogier de Danemark,
Roger, enfin, grande ame au peril toujours prete.
Ils refuserent tous.
Alors, levant la tete,
Se dressant tout debout sur ses grands etriers,
Tirant sa large epee aux eclairs meurtriers,
Avec un apre accent plein de sourdes huees,
Pale, effrayant, pareil a l'aigle des nuees,
Terrassant du regard son camp epouvante,
L'invincible empereur s'ecria:
--Lachete!
O comtes palatins tombes dans ces vallees,
O geants qu'on voyait debout dans les melees,
Devant qui Satan meme aurait crie merci,
Olivier et Roland, que n'etes-vous ici!
Si vous etiez vivants, vous prendriez Narbonne,
Paladins! vous, du moins, votre epee etait bonne,
Votre coeur etait haut, vous ne marchandiez pas!
Vous alliez en avant sans compter tous vos pas!
O compagnons couches dans la tombe profonde,
Si vous etiez vivants, nous prendrions le monde!
Grand Dieu! que voulez-vous que je fasse a present?
Mes yeux cherchent en vain un brave au coeur puissant
Et vont, tout effrayes de nos immenses taches,
De ceux-la qui sont morts a ceux-ci qui sont laches!
Je ne sais point comment on porte des affronts
Je les jette a mes pieds, je n'en veux pas! Barons,
Vous qui m'avez suivi jusqu'a cette montagne,
Normands, Lorrains, marquis des marches d'Allemagne,
Poitevins, Bourguignons, gens du pays Pisan,
Bretons, Picards, Flamands, Francais, allez-vous-en!
Guerriers, allez-vous-en d'aupres de ma personne,
Des camps ou l'on entend mon noir clairon qui sonne
Rentrez dans vos logis, allez-vous-en chez vous,
Allez-vous-en d'ici, car je vous chasse tous!
Je ne veux plus de vous! Retournez chez vos femmes!
Allez vivre caches, prudents, contents, infames!
C'est ainsi qu'on arrive a l'age d'un aieul.
Pour moi, j'assiegerai Narbonne a moi tout seul.
Je reste ici rempli de joie et d'esperance!
Et, quand vous serez tous dans notre douce France,
O vainqueurs des Saxons et des Aragonais!
Quand vous vous chaufferez les pieds a vos chenets,
Tournant le dos aux jours de guerres et d'alarmes,
Si l'on vous dit, songeant a tous vos grands faits d'armes
Qui remplirent longtemps la terre de terreur
--Mais ou donc avez-vous quitte votre empereur?
Vous repondrez, baissant les yeux vers la muraille:
--Nous nous sommes enfuis le jour d'une bataille,
Si vite et si tremblants et d'un pas si presse
Que nous ne savons plus ou nous l
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