is qui pend aux poutres noires;
Les anciens temps ont peint sur le mur leurs histoires,
Le fier combat du roi des Vendes Thassilo
Contre Nemrod sur terre et Neptune sur l'eau,
Le fleuve Rhin trahi par la riviere Meuse,
Et, groupes blemissants sur la paroi brumeuse,
Odin, le loup Fenris et le serpent Asgar;
Et toute la lumiere eclairant ce hangar,
Qui semble d'un dragon avoir ete l'etable,
Vient d'un flambeau sinistre allume sur la table;
C'est le grand chandelier aux sept branches de fer
Que l'archange Attila rapporta de l'enfer
Apres qu'il eut vaincu le Mammon, et sept ames
Furent du noir flambeau les sept premieres flammes.
Toute la salle semble un grand lineament
D'abime, modele dans l'ombre vaguement;
Au fond, la table eclate avec la brusquerie
De la clarte heurtant des blocs d'orfevrerie;
De beaux faisans tues par les traitres faucons,
Des viandes froides, force aiguieres et flacons
Chargent la table ou s'offre une opulente agape.
Les plats bordes de fleurs sont en vermeil; la nappe
Vient de Frise, pays celebre par ses draps;
Et, pour les fruits, brugnons, fraises, pommes, cedrats,
Les patres de la Murg ont sculpte les sebiles
Ces orfevres du bois sont des rustres habiles
Qui font sur une ecuelle ondoyer des jardins
Et des monts ou l'on voit fuir des chasses aux daims;
Sur une vasque d'or aux anses florentines,
Des Acteons cornus et chausses de bottines
Luttent, l'epee au poing, contre des levriers;
Des branches de glaieuls et de genevriers,
Des roses, des bouquets d'anis, une jonchee
De sauge tout en fleur nouvellement fauchee,
Couvrent d'un frais parfum de printemps repandu
Un tapis d'Ispahan sous la table etendu.
Dehors, c'est la ruine et c'est la solitude.
On entend, dans sa rauque et vaste inquietude,
Passer sur le hallier par l'ete rajeuni
Le vent, onde de l'ombre et flot de l'infini.
On a remis partout des vitres aux verrieres
Qu'ebranle la rafale arrivant des clairieres;
L'etrange dans ce lieu tenebreux et revant,
Ce serait que celui qu'on attend fut vivant;
Aux lueurs du sept-bras, qui fait flamboyer presque
Les vagues yeux epars sur la lugubre fresque,
On voit le long des murs, par place, un escabeau,
Quelque long coffre obscur a meubler le tombeau,
Et des buffets charges de cuivre et de faience;
Et la porte, effrayante et sombre confiance,
Est formidablement ouverte sur la nuit.
Rien ne par
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