bre, dans la brume errant de roche en roche,
Repond au hurlement de janvier qui s'approche.
Le donjon crie: En guerre! o tourmente, es-tu la?
Il craint peu l'ouragan, lui qui vit Attila.
Oh! les lugubres nuits! Combats dans la bruine;
La nuee attaquant, farouche, la ruine!
Un ruissellement vaste, affreux, torrentiel,
Descend des profondeurs furieuses du ciel;
Le burg brave la nue; on entend les gorgones
Aboyer aux huit coins de ses tours octogones;
Tous les monstres sculptes sur l'edifice epars
Grondent, et les lions de pierre des remparts
Mordent la brume, l'air et l'onde, et les tarasques
Battent de l'aile au souffle horrible des bourrasques;
L'apre averse en fuyant vomit sur les griffons;
Et, sous la pluie entrant par les trous des plafonds,
Les guivres, les dragons, les meduses, les drees,
Grincent des dents au fond des chambres effondrees;
Le chateau de granit, pareil au preux de fer,
Lutte toute la nuit, resiste tout l'hiver;
En vain le ciel s'essouffle, en vain janvier se rue;
En vain tous les passants de cette sombre rue
Qu'on nomme l'infini, l'ombre et l'immensite,
Le tourbillon, d'un fouet invisible hate,
Le tonnerre, la trombe ou le typhon se dresse,
S'acharnent sur la fiere et haute forteresse;
L'orage la secoue en vain comme un fruit mur;
Les vents perdent leur peine a guerroyer ce mur,
Le foehn bruyant s'y lasse, et sur cette cuirasse
L'aquilon s'epoumone et l'autan se harasse,
Et tous ces noirs chevaux de l'air sortent fourbus
De leur bataille avec le donjon de Corbus.
Aussi, malgre la ronce et le chardon et l'herbe,
Le vieux burg est reste triomphal et superbe;
Il est comme un pontife au coeur du bois profond,
Sa tour lui met trois rangs de creneaux sur le front;
Le soir, sa silhouette immense se decoupe;
Il a pour trone un roc, haute et sublime croupe;
Et, par les quatre coins, sud, nord, couchant, levant,
Quatre monts, Crobius, Bleda, geants du vent,
Aptar ou croit le pin, Toxis que verdit l'orme,
Soutiennent au-dessus de sa tiare enorme
Les nuages, ce dais livide de la nuit.
Le patre a peur, et croit que cette tour le suit;
Les superstitions ont fait Corbus terrible;
On dit que l'Archer Noir a pris ce burg pour cible,
Et que sa cave est l'antre ou dort le Grand Dormant;
Car les gens des hameaux tremblent facilement,
Les legendes toujours melent quelque fantome
A l'obscure vapeur qui sort d
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