es toits de chaume,
L'atre enfante le reve, et l'on voit ondoyer
L'effroi dans la fumee errante du foyer.
Aussi, le paysan rend grace a sa roture
Qui le dispense, lui, d'audace et d'aventure,
Et lui permet de fuir ce burg de la foret
Qu'un preux, par point d'honneur belliqueux, chercherait.
Corbus voit rarement au loin passer un homme.
Seulement, tous les quinze ou vingt ans, l'econome
Et l'huissier du palais, avec des cuisiniers
Portant tout un festin dans de larges paniers,
Viennent, font des apprets mysterieux, et partent;
Et, le soir, a travers des branches qui s'ecartent,
On voit de la lumiere au fond du burg noirci,
Et nul n'ose approcher. Et pourquoi? Le voici.
IV
LA COUTUME DE L'USAGE
C'est l'usage, a la mort du marquis de Lusace,
Que l'heritier du trone, en qui revit la race,
Avant de revetir les royaux attributs,
Aille, une nuit, souper dans la tour de Corbus;
C'est de ce noir souper qu'il sort prince et margrave;
La marquise n'est bonne et le marquis n'est brave
Que s'ils ont respire les funebres parfums
Des siecles dans ce nid des vieux maitres defunts.
Les marquis de Lusace ont une haute tige,
Et leur source est profonde a donner le vertige;
Ils ont pour pere Antee, ancetre d'Attila;
De ce vaincu d'Alcide une race coula;
C'est la race autrefois Payenne, puis chretienne,
De Lechus, de Platon, d'Othon, d'Ursus, d'Etienne,
Et de tous ces seigneurs des rocs et des forets
Bordant l'Europe au nord, flot d'abord, digue apres.
Corbus est double; il est burg au bois, ville en plaine.
Du temps ou l'on montait sur la tour chatelaine,
On voyait, au dela des pins et des rochers,
Sa ville percant l'ombre au loin de ses clochers;
Cette ville a des murs; pourtant ce n'est pas d'elle
Que releve l'antique et noble citadelle;
Fiere, elle s'appartient; quelquefois un chateau
Est l'egal d'une ville; en Toscane, Prato,
Barletta dans la Pouille, et Creme en Lombardie,
Valent une cite, meme forte et hardie;
Corbus est de ce rang. Sur ses rudes parois
Ce burg a le reflet de tous les anciens rois;
Tous leurs evenements, toutes leurs funerailles,
Ont, chantant ou pleurant, traverse ses murailles,
Tous s'y sont maries, la plupart y sont nes;
C'est la que flamboyaient ces barons couronnes;
Corbus est le berceau de la royaute scythe.
Or, le nouveau marquis doit faire une visite
A l'histoire qu'il va continuer. La l
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