foi, sans Dieu, sans loi,
C'est que l'un est la griffe et que l'autre est la serre;
Tous deux vont a la messe et disent leur rosaire,
Ils n'en passent pas moins pour avoir fait tous deux
Dans l'enfer un traite d'alliance hideux;
On va meme jusqu'a chuchoter a voix basse,
Dans la foule ou la peur d'en haut tombe et s'amasse,
L'affreux texte d'un pacte entre eux et le pouvoir
Qui s'agite sous l'homme au fond du monde noir;
Quoique l'un soit la haine et l'autre la vengeance,
Ils vivent cote a cote en bonne intelligence;
Tous les peuples qu'on voit saigner a l'horizon
Sortent de leur tenaille et sont de leur facon;
Leurs deux figures sont lugubrement grandies
Par de rouges reflets de sacs et d'incendies;
D'ailleurs, comme David, suivant l'usage ancien,
L'un est poete, et l'autre est bon musicien;
Et, les declarant dieux, la renommee allie
Leurs noms dans les sonnets qui viennent d'Italie.
L'antique hierarchie a l'air mise en oubli,
Car, suivant le vieil ordre en Europe etabli,
L'empereur d'Allemagne est duc, le roi de France
Marquis; les autres rois ont peu de difference;
Ils sont barons autour de Rome, leur pilier,
Et le roi de Pologne est simple chevalier;
Mais dans ce siecle on voit l'exception unique
Du roi sarmate egal au cesar germanique.
Chacun s'est fait sa part; l'Allemand n'a qu'un soin,
Il prend tous les pays de terre ferme au loin;
Le Polonais, ayant le rivage baltique,
Veut des ports, il a pris toute la mer Celtique,
Sur tous les flots du nord il pousse ses dromons,
L'Islande voit passer ses navires demons;
L'Allemand brule Anvers et conquiert les deux Prusses,
Le Polonais secourt Spotocus, duc des Russes,
Comme un plus grand boucher en aide un plus petit;
Le roi prend, l'empereur pille, usurpe, investit;
L'empereur fait la guerre a l'ordre teutonique,
Le roi sur le Jutland pose son pied cynique;
Mais, qu'ils brisent le faible ou qu'ils trompent le fort,
Quoi qu'ils fassent, ils ont pour loi d'etre d'accord;
Des geysers du pole aux cites transalpines,
Leurs ongles monstrueux, crispes sur des rapines,
Egratignent le pale et triste continent.
Et tout leur reussit. Chacun d'eux, rayonnant,
Mene a fin tous ses plans laches ou temeraires,
Et regne; et, sous Satan paternel, ils sont freres;
Ils s'aiment; l'un est fourbe et l'autre est deloyal,
Ils sont les deux bandits du grand chemin royal.
O les noirs conqu
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