, l'effrayant roi sicambre,
Witikind, l'avait fait clouer en cet endroit,
De peur que dans leur lit ses enfants n'eussent froid.
VIII
LA TOILETTE D'ISORA
Cris, chansons; et voila ces vieilles tours vivantes.
La chambre d'Isora se remplit de servantes;
Pour faire un digne accueil au roi d'Arle, on revet
L'enfant de ses habits de fete; a son chevet,
L'aieul, dans un fauteuil d'orme incruste d'erable,
S'assied, songeant aux jours passes, et, venerable,
Il contemple Isora, front joyeux, cheveux d'or,
Comme les cherubins peints dans le corridor,
Regard d'enfant Jesus que porte la madone,
Joue ignorante ou dort le seul baiser qui donne
Aux levres la fraicheur, tous les autres etant
Des flammes, meme, helas! quand le coeur est content.
Isora est sur le lit assise, jambes nues;
Son oeil bleu reve avec des lueurs ingenues;
L'aieul rit, doux reflet de l'aube sur le soir!
Et le sein de l'enfant, demi-nu, laisse voir
Ce bouton rose, germe auguste des mamelles;
Et ses beaux petits bras ont des mouvements d'ailes.
Le veteran lui prend les mains, les rechauffant;
Et, dans tout ce qu'il dit aux femmes, a l'enfant,
Sans ordre, en en laissant deviner davantage,
Espece de murmure enfantin du grand age,
Il semble qu'on entend parler toutes les voix
De la vie, heur, malheur, a present, autrefois,
Deuil, espoir, souvenir, rire et pleurs, joie et peine;
Ainsi, tous les oiseaux chantent dans le grand chene.
--Fais-toi belle; un seigneur va venir; il est bon;
C'est l'empereur; un roi, ce n'est pas un barbon
Comme nous; il est jeune; il est roi d'Arle, en France;
Vois-tu, tu lui feras ta belle reverence,
Et tu n'oublieras pas de dire: monseigneur.
Vois tous les beaux cadeaux qu'il nous fait! Quel bonheur!
Tous nos bons paysans viendront, parce qu'on t'aime
Et tu leur jetteras des sequins d'or, toi-meme,
De facon que cela tombe dans leur bonnet.
Et le marquis, parlant aux femmes, leur prenait
Les vetements des mains.
--Laissez, que je l'habille!
Oh! quand sa mere etait toute petite fille,
Et que j'etais deja barbe grise, elle avait
Coutume de venir des l'aube a mon chevet;
Parfois, elle voulait m'attacher mon epee,
Et, de la durete d'une boucle occupee,
Ou se piquant les doigts aux clous du ceinturon,
Elle riait. C'etait le temps ou mon clairon
Sonnait superbement a travers l'Italie.
Ma fille est mai
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