dont la reponse etait prevue.
Une delicieuse matinee, ma foi, que celle du lendemain. Cependant que
la ville s'eveillait sous l'eternel tintinnabulement de ses cloches,
Saint-Sernin donnant la replique a Saint-Etienne et le Taur a la
Dalbade, au bord du fleuve, plus loin que le pont de Saint-Cyprien, un
joli frisson d'argent courait sous les saulaies et les bergeronnettes,
secouant des perles a leurs longues ailes, egratignaient l'eau avec de
petits cris joyeux. Les toits rouges semblaient courir les uns apres les
autres au cours de la Garonne, comme s'ils fuyaient l'incendie allume a
l'Orient, l'incendie aux hautes flammes qui flambait au bord du ciel.
Le comte et son adversaire, un peu grelottants, toutefois, leur chemise
enlevee, dans cette buee de rosee aurorale etincelante aux brins
d'herbes, etaient deja en face l'un de l'autre, le fer au poing,
n'attendant que le "Allez, messieurs!" qui les devait lancer l'un
au-devant de l'autre. Car l'excellent Trousse-Faquin les avait fait
tomber en garde, en arriere, apres avoir mis leurs epees bout a bout.
Les distances se rapprochent au signal et les fers se tatent en de
petits battements preliminaires. La Lezardiere affectionne une attaque
dans la ligue basse et Petoine pare seconde avec acharnement jusqu'a
ce que, un coup lui semblant porte a la hauteur voulue, il se retourne
brusquement et le recoit au derriere.
--Arretez! s'ecrie le maitre d'armes, stupefait.
Et, au milieu de l'etonnement general--car toute la compagnie etait
confidente de ce combat--il ajouta, en s'avancant vers Petoine:
--Vous etes blesse; otez votre pantalon.
Petoine obeit. Le coup etait leger, l'adversaire ayant, malgre lui,
retenu la main devant cette parade imprevue. Mais, enfin, la peau etait
entamee.
--Fusilier La Lezardiere, vous savez ce qui vous reste a faire.
Et le malheureux comte fut oblige de se mettre a genoux, pour faire, a
Petoine triomphant, un semblant de ponction la ou celui-ci s'etait jure
de lui faire mettre la bouche.
On en rit encore dans le regiment.
LES BOTTES
[Illustration: fig28.png]
LES BOTTES
Ce n'est pas sans une melancolie inquiete que je vois, aux vitrines des
bottiers du boulevard, ces chaussures anglaises, etroites et
longues, ayant vaguement l'air de cercueils elegants ou le pied doit
s'emprisonner dans une boite de cuir sans concessions a ses formes
originelles. Il en sortira certainement une ou plusieurs generations
dont les ext
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