elevee, mais assez pour que, du haut de
son sommet, la vue domine le paysage magnifique qui l'environne.
Rien de plus agreable que de contempler son versant nord, boise d'arbres
varies et magnifiques. Des cretes de rochers qui partent du haut et
viennent jusqu'au bas vous representent les cotes d'un immense cetace
dont la montagne a d'ailleurs l'apparence. L'une de ces cretes presente
vers le milieu un aspect plus apre, plus herisse. Elle a un pic qui
domine les beaux arbres bordant les flancs de la montagne. Ce pic est
aride et denude. Vers la partie ouest, il est coupe perpendiculairement.
Il forme un contraste saisissant avec les autres bandes de rochers
paralleles qui sont a demi cache par une luxuriante vegetation.
Depuis longtemps, les habitants de l'endroit m'assuraient qu'une
caverne profonde, creusee dans ce pic presentait dans son interieur
des dispositions tout a fait extraordinaires. Quelques-uns memes
affirmaient, mais ceux-la, je suppose, n'etaient pas les plus hardis,
que souvent des bruits etranges s'y faisaient entendre.
Je decidai un jour d'aller en faire l'examen. Je pris avec moi un de
ceux qui l'avait deja visitee et qui lui pretait dans son imagination le
caractere le plus feerique.
On y parvenait en gravissant une pente tres abrupte. De grands arbres
repandaient leur ombrage sur l'entree spacieuse de la caverne. La
chambre principale se trouvait eclairee par fissures de la voute par
lesqelles filtrait une douce lumiere.
Au centre, une enorme pierre carree a surface unie semblait representer
une table. Cinq ou six pierres echappees de la voute etaient disposees
autour a la maniere de tabourets. A deux pas plus loin une colonne de
pierre, toute d'une piece, s'elevait droite et percait la voute. Elle
avait la forme des cheminees de nos habitations de campagne.
Cette caverne etait divisee en plusieurs compartiments. Deux dans le
fond etaient eclaires par les rayons du soleil qui y penetraient par des
ouvertures naturelles. Cette lumiere donnait la vie aux petites fleurs
qui en tapissaient les parois. Quelques vignes sauvages grimpaient le
long des rochers, montaient jusqu'aux interstices et s'echappaient au
dehors comme pour aller demander plus de seve au soleil.
A gauche, se trouvait un alcove eclaire seulement par l'entree. Au fond
de cet alcove et a angle droit on voyait un antre obscur, ou il y avait
un trou profond, circulaire, s'enfoncant tellement dans la montagne
que j'essayai a
|