parlant ainsi, j'avais retire le poignard de la blessure et
pratiquai une saignee qui arreta le sang, mais la respiration continua
a devenir de plus en plus haletante et difficile, Enfin, lorsque malgre
nos soins tout espoir fut perdu et que lui-meme m'eut avoue qu'il se
sentait mourir et comprenait qu'il n'en avait plus pour longtemps, il
nous fit approcher, nous chargea de ses derniers embrassements aupres de
sa vieille mere. Il nous fit detacher une ceinture remplie de grosses
pieces d'or qu'il nous pria de lui remettre et me recommanda de ne pas
l'abandonner dans le cas ou elle aurait besoin.
Il me demanda ensuite de faire une priere qu'il recita apres moi d'une
voix ralante et entrecoupee, fit une acte de contrition et recommanda
son ame a Dieu puis, degageant sa main des miennes, il eut la force de
faire le signe de la croix, montra le ciel du doigt et expira.
Le croirait-on, les deux scelerats pendant ce triste spectacle riaient
d'un rire satanique?
Le lendemain, nous le deposames dans sa biere. Elle etait formee au
tronc d'un pin enorme dont l'age avait tellement creuse le centre que
nous pumes facilement y placer le cadavre. Les reste rendus a la terre,
nous dressames sur sa tombe un petit mausolee de pierre brute et nous le
fimes surmonter d'une croix de bois. Son nom y fut grave avec ces trois
mots "repose en paix".
Nous creusames aussi une tombe commune a quelque distance de celle du
canadien, aux quatre bandits, les associes et les complices de Paulo.
Les miserables avaient conserve jusqu'au moment ou la terre les
recouvrit leur air de defi et de ferocite tel que nous l'avons decrit
deja plus haut.
Il nous fallut passer au dela d'un mois dans les bois pour permettre a
nos blesses de se guerir et de reprendre quelques forces avant que de
nous mettre en route. Paulo et son digne seide etaient l'objet de notre
part d'une extreme surveillance. Quatre a cinq fois, jour et nuit, leurs
liens etaient minutieusement examines et bien nous en prit, car plus
d'une fois nous pumes constater qu'il faisaient des efforts surhumains
pour s'en delivrer. Quoique entierement en notre pouvoir, jamais il
ne perdaient une occasion de nous accabler de leurs insultes les
plus ignobles, soit que nous leur donnassions a manger ou que nous
pansassions leurs plaies.
Enfin l'etat des malades devint des plus satisfaisant, les blessures se
guerirent comme par enchantement tant le mal avait peu de prise sur ces
charpentes gran
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