leur pouvoir, il est toujours soumis aux plus horribles tortures."
Sep: 18. "La journee ne s'est pas annoncee sous de meilleurs auspices.
Je suis entre dans leur cachot au moment ou ils prenaient leur dejeuner.
Mon arrivee n'a fait aucune autre effet sur eux que de m'attirer a peine
un coup d'oeil charge de mepris, Tout en mangeant ils se sont lance des
regards farouches et pleins de menaces. Comment donc reussirai-je a
faire entendre une parole de religion a ces hommes dont le coeur est si
profondement gangrene par les plus execrables passions?"
"Je les laisse; il est onze heures et demi du soir. J'ai le coeur navre
de tristesse. Mon Dieu, encore une journee et une partie de la nuit de
perdues! Mes peines, mes supplications ne paraissent avoir d'autres
resultats que de redoubler leur rage et leurs imprecations. Peut-etre la
Providence m'inspirera-t-elle demain de nouveaux moyens pour parvenir au
but auquel j'aspire si ardemment. Le seul espoir que j'entretienne est
de les ramener dans la voie du repentir et d'adoucir leur derniers jours
qui fuient l'un apres l'autre avec une incroyable rapidite et qui sont
pour moi si pleins d'amertume."
"Dans deux jours leur ame sera devant Dieu et je n'ai encore rien pu
obtenir des coupables. Pourtant, je le sais, la justice des hommes sera
inflexible, inexorable, ils n'ont plus de merci a attendre ici bas. Deux
jours seulement, c'est si peu pour se preparer a paraitre devant le
redoutable tribunal du Souverain Juge; devant ce regard inquisiteur
qui fait dire au roi prophete dans un saint tremblement; _Ante faciem
frigoris ejus quis sustinebit!!_ Je vais prier, la priere est un baume
divin, peut-etre m'inspirera-t-elle de nouvelles idees."
Sept: 19. "Mon cher frere, je suis entre un peu plus tard dans la
cellule aujourd'hui. J'ai des le matin fait demander audience dans les
maisons ou l'on prie pour le salut de tous. Monseigneur l'Eveque de
Quebec, m'a offert ses services d'une maniere spontanee. Il doit aller
les visiter pendant que de mon cote j'implorerai les prieres des ames
charitables en faveur des malheureux qui vont mourir demain, sur la
potence, car pour le condamne, les jours qui suivent la condamnation
sont toujours la veille du supplice."
"Tous m'ont promis leur concours et j'espere encore les retrouver dans
de meilleures dispositions."
"Je vous ecris ces pages de ma chambre et maintenant il me semble que ce
poids enorme ne pese pas sur mes seules epaules, On m
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