s partirent dans la direction d'ou etait venu
celui qui avait blesse Bidonne. Les deux francais tirerent eux aussi
du cote d'ou venaient ces derniers, puis nous entendimes des plaintes
sourdes et des craquements de branches, comme en peuvent faire les betes
fauves en fuite dans les bois.
Il n'eut certes pas ete prudent de nous avancer plus loin, cette
nuit-la, car nos ennemis auraient pu s'etre caches et nous envoyer leurs
balles a l'abri des rochers. Nous decidames donc d'attendre le jour pour
juger de l'effet de nos coups.
Lorsque l'aube parut, Baptiste se chargea d'aller faire la
reconnaissance pour voir ce qu'etait devenu nos ennemis. Il choisit
le Gascon pour l'accompagner. C'etait un trappeur consomme en fait
d'adresse, de ressources et de ruse. Ils revinrent deux heures apres et
nous informerent qu'ils avaient releve les pistes des fuyards et que
Paulo formait l'arriere garde. Ils etaient encore six, nous le savions
deja, car nous avions examine l'effet du premier coup qui avait ete tire
par Bidonne. La balle avait traverse le coeur du sauvage. Quant aux
autres coups tires par les francais, bien qu'au juger, ils avaient eux
aussi parfaitement atteint leur but. L'un avait ete tue instantanement,
l'autre gisait mortellement blesse.
Bien nous en prit de ne nous approcher qu'avec la plus grande
precaution, car malgre le sang qu'il avait perdu, le blesse avait appuye
son fusil sur une pierre et de son oeil mourant cherchait encore s'il
ne pourrait pas envoyer une balle dans le coeur d'un ennemi. Je lui en
exemptai la peine, j'ajustai mon coup sur le canon de son arme et tirai;
son fusil vola en eclats loin de lui; nous nous avancames alors en toute
surete.
Il etait le chef des sept nouveaux associes de Paulo. Il me lanca un
regard de defi lorsque je fus pres de lui, croyant que j'allais le
torturer, dans ses derniers moments, comme il n'eut pas manque de le
faire si nous fussions tombes entre ses mains. Aussi manifesta-t-il
quelque surprise lorsque je lui demandai s'il voulait boire. Il me fit
un signe affirmatif, le Normand alla lui chercher de l'eau.
J'examinai alors sa blessure, la balle lui etait entre dans le dos
obliquement et lui ressortait dans la partie interne de la cuisse
opposee. Elle avait donc traverse les intestins; sa mort etait certaine.
Pendant la demi-heure qu'il survecut, nous essayames a soulager ses
souffrances et lorsqu'il eut rendu le dernier soupir, nous creusames une
fosse commun
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