evant le devoir.
Apres l'avoir pressee plusieurs fois dans mes bras, je me separai
d'elle. Je lui promis que dans deux ans je viendrais la chercher et
qu'alors nous demeurerions ensemble jusqu'a la mort de l'un de nous.
Aglaousse, de son cote, promit de venir nous rejoindra et de la visiter
plus souvent encore d'ici a ce temps-la.
Je dis adieu a mes soeurs, leur recommandant de nouveau l'enfant. Ces
recommandations etaient bien superflues.
Ce fut un grand sacrifice, que je fis en m'eloignant d'elles, et aussi
longtemps que je le pus, je me retournais pour jeter un regard sur le
toit qui recouvrait des etres qui m'etaient plus chers que la vie.
Jamais de ma vie, je n'ai eprouve autant d'ennui que pendant les
premiers mois qui suivirent cette separation.
Enfin je rejoignis les compagnons qui m'attendaient a un endroit designe
et nous reprimes la vie active.
Pendant la courte visite que j'avais faite a Adala, je lui avait souvent
parle du campement que nous avions etabli aupres du Lac a la Truite. Je
lui avais decrit le paysage si beau et les jouissances qu'on y trouvait.
L'enfant avait ecoute ces details avec des larmes de plaisir. Elle me
fit promettre en la laissant d'y construire un logement et que ce serait
la que desormais nous habiterions.
Ses desirs etaient pour moi des ordres imperieux, aussi vers la fin de
la seconde annee, nous construisimes ces cabanes que je ne changerais
pas pour le plus somptueux des palais.
Enfin, depuis sept ans que nous y sommes installes, nous goutons un
bonheur presque sans nuages. Le seul chagrin qui soit venu assombrir
notre ciel, a ete la mort de mes deux soeurs qu'une epidemie a emportees
successivement dans l'espace de deux mois Cheres saintes femmes, elles
se sont eteintes comme elles ont vecu, dans la paix du seigneur, apres
une carriere bien remplie d'annees, mais encore plus de bonnes oeuvres.
Vous ferai-je maintenant une description de la maniere dont nous passons
notre temps. Peut-etre pourrait-elle vous interesser.
Le chant des oiseaux nous eveille des le matin et souvent a ce chant
s'en joint un autre mille fois plus suave, plus agreable a mon oreille,
c'est celui de mon Adala qui semble leur repondre. Elle a, pour ainsi
dire, apprivoise ces chers petits enfants des bois, car elle charme tout
ce qui l'entoure.
La culture des plantes, les broderies sur ecorce, la couture et la
lecture constituent ses occupations de la journee.
Rien de plus charmant
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