s, c'est la
plus courte et la plus sure.
Cet homme qui se montra si energique apres de tels malheurs, a stimule
mon courage. Il m'a exprime une profonde gratitude de mon hospitalite et
remercie des provisions dont j'ai rempli son havresac. Entre lui et
moi, desormais, c'est pour la vie que nous conserverons une reciproque
amitie. Son nom est Marquette.
A la montre marque cinq heures du matin, mon sommeil, contre mon
attente, a ete assez paisible. Je reve quelques instants, mais bientot
il me semble entendre des aboiements, mes chiens repondent. Je m'elance
hors de mon lit, le chien de Baptiste vient de faire irruption dans ma
hutte.
Mon bon et tendre ami ne saurait etre loin avec ses deux braves et
devoues compagnons. Ils ont recu ordre de se rendre tous les trois a
Quebec pour donner leur temoignage dans le proces de Paulo et de son
complice. Je les ai pries d'attendre jusqu'apres l'execution et de se
mettre en rapport avec monsieur Odillon qui doit leur remettre certains
papiers pour moi.
Pendant que je m'habille a la hate, des pas se rapprochent, c'est
Baptiste avec le Gascon et le Normand. Je cours a leur rencontre et
nous nous embrassons avec effusion. Mes amis sont extenues de fatigue.
Heureusement, j'ai prepare pour eux la veille au soir, un copieux repas
et j'ai renouvele le sapin des lits.
Je refuse d'ecouter les details des derniers jours et de l'execution
dont ils ont ete temoins, parce que je veux les avoir succincts et bien
minutieux.
Chers amis, comment reconnaitre leur devouement? Ils n'ont pas perdu
une seule minute pour que je recusse au plus vite les lettres dont ils
etaient porteurs. Je n'ose leur parler pendant leur repas, tant ils
devorent les aliments avec avidite. Quand leur faim fut un peu apaisee,
ils me raconterent qu'ils etaient partis a cinq heures du soir dans un
canot et quand leurs bras etaient trop fatigues pour faire glisser le
canot sur les ondes, ils ont demande du secours a leurs jambes et ont
pris les chemins des bois. Ils ont devance de beaucoup le postillon, ils
avaient tant hate de me revoir et de se distraire du spectacle horrible
auquel ils avaient assiste.
Mon brave Baptiste en nie donnant ces quelques details feint d'etre
etouffe par ses bouchees qui, pretend-il, lui font venir les larmes aux
yeux, ce qui lui fournit un pretexte de les essuyer. Le Gascon a besoin,
parait-il, d'une eau plus fraiche et prend de la occasion de sortir,
pour le Normand, il m'avoue
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