FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   173   174   175   176   177   178   179   180   181   182   183   184   185   186   187   188   189   190   191   192   193   194   195   >>  
se de sa race qu'elle etait revenue. Bien differente de moi qui n'avais rien souhaite de plus qu'un apaisement physique, enfin obtenu, Albertine semblait trouver qu'il y eut eu de sa part quelque grossierete a croire que ce plaisir materiel allat sans un sentiment moral et terminat quelque chose. Elle, si pressee tout a l'heure, maintenant sans doute et parce qu'elle trouvait que les baisers impliquent l'amour et que l'amour l'emporte sur tout autre devoir, disait, quand je lui rappelais son diner: --Mais ca ne fait rien du tout, voyons, j'ai tout mon temps. Elle semblait genee de se lever tout de suite apres ce qu'elle venait de faire, genee par bienseance, comme Francoise, quand elle avait cru, sans avoir soif, devoir accepter avec une gaiete decente le verre de vin que Jupien lui offrait, n'aurait pas ose partir aussitot la derniere gorgee bue, quelque devoir imperieux qui l'eut appelee. Albertine--et c'etait peut-etre, avec une autre que l'on verra plus tard, une des raisons qui m'avaient a mon insu fait la desirer--etait une des incarnations de la petite paysanne francaise dont le modele est en pierre a Saint-Andre-des-Champs. De Francoise, qui devait pourtant bientot devenir sa mortelle ennemie, je reconnus en elle la courtoisie envers l'hote et l'etranger, la decence, le respect de la couche. Francoise, qui, apres la mort de ma tante, ne croyait pouvoir parler que sur un ton apitoye, dans les mois qui precederent le mariage de sa fille, eut trouve choquant, quand celle-ci se promenait avec son fiance, qu'elle ne le tint pas par le bras. Albertine, immobilisee aupres de moi, me disait: --Vous avez de jolis cheveux, vous avez de beaux yeux, vous etes gentil. Comme, lui ayant fait remarquer qu'il etait tard, j'ajoutais: "Vous ne me croyez pas?", elle me repondit, ce qui etait peut-etre vrai, mais seulement depuis deux minutes et pour quelques heures: --Je vous crois toujours. Elle me parla de moi, de ma famille, de mon milieu social. Elle me dit: "Oh! je sais que vos parents connaissent des gens tres bien. Vous etes ami de Robert Forestier et de Suzanne Delage." A la premiere minute, ces noms ne me dirent absolument rien. Mais tout d'un coup je me rappelai que j'avais en effet joue aux Champs-Elysees avec Robert Forestier que je n'avais jamais revu. Quant a Suzanne Delage, c'etait la petite niece de Mme Blandais, et j'avais du une fois aller a une lecon de danse, et meme tenir un petit role dans une co
PREV.   NEXT  
|<   173   174   175   176   177   178   179   180   181   182   183   184   185   186   187   188   189   190   191   192   193   194   195   >>  



Top keywords:

devoir

 

Francoise

 

quelque

 

Albertine

 
disait
 

Robert

 

Forestier

 
petite
 

semblait

 
Champs

Suzanne

 
Delage
 

croyait

 

gentil

 
parler
 

seulement

 

pouvoir

 

repondit

 

croyez

 

ajoutais


remarquer

 

promenait

 

fiance

 
aupres
 

immobilisee

 

choquant

 
trouve
 

precederent

 

cheveux

 

mariage


apitoye

 

absolument

 

rappelai

 

dirent

 
premiere
 

minute

 
Blandais
 

Elysees

 

jamais

 
toujours

heures

 

minutes

 
quelques
 

famille

 
parents
 

connaissent

 
milieu
 
social
 

depuis

 
avaient