d'un sien compagnon; puis il frappe avec un marteau dessus une
grenouille d'airain, ou sur un serpent estendu sur une enclume, et luy
baille autant de coups qu'il est ordonne: puis en barbotant quelques
charmes, il les retourne ca et la, et incontinent il tombe en extase, et
est ravy, et demeure couche peu de temps, comme s'il estoit mort. Ce temps
pendant il est garde diligemment par son compaignon de crainte qu'aucune
pulce ou mousche vivante, ou autre animal ne le touche. Car par le pouvoir
des charmes, son esprit, qui est guide et conduit par le diable, rapporte
un anneau, ou un cousteau, ou quelque autre chose semblable, en signe et
pour tesmoignage qu'il a faist ce qui lui estoit commande: et alors se
relevant, il declare a son conducteur les mesmes signes, avec les
circonstances."
[Note 1: _Oeuvres morales et diversifiees_, p. 394.]
[Note 2: Livre III, ch. XXXIX de l'_Histoire des peuples
septentrionaux_.]
[Note 3: Saxon le grammairien, au commencement de l'_Histoire de
Danemark_.]
"Le mesme auteur, au chapitre XVIII du troisieme livre _Des vents venaux_,
escrit le miracle qui ensuit. Les Finnons avoient quelque-fois accoustume,
entre les autres erreurs de leur race, de vendre un vent a ceux qui
negocioient en leurs havres, lorsqu'ils estoient empeschez par la contraire
tempeste des vents. Apres doncques qu'on leur avoit baille le payement, ils
donnoient trois noeuds magiques aux acheteurs, et les advertissoient qu'en
desnouant le premier ils avoient les vents amiables et doux: et en
desnouant le second, ils les avoient plus forts: et la ou ils desnoueroient
le troisieme il leur surviendroit une telle tempeste, qu'ils ne pourroient
jouyr a leur aise de leur vaisseau, ny jeter l'oeil hors la proue, pour
eviter les rochers, ny asseurer le pied en la navire, pour abbatre les
voiles, ny mesmes l'asseurer en la poupe pour manier le gouvernail."
"J'ai oui raconter plusieurs fois, a un bon et docte personnage, dit
Goulart[1], qu'estant jeune escholier a Thoulouse, il fut par deux fois
voyager es monts Pyrenees. Qu'en ces deux voyages il advint et vid ce qui
s'ensuit. En une croupe fort haute et spacieuse de ces monts, se trouve une
forme d'autel fort antique, sur quelques pierres duquel sont gravez
certains characteres de forme estrange. Autour et non loin de cest autel se
trouverent lors d'iceux voyages des pastres et rustiques, lesquels
exhorterent et prierent ce personnage et plusieurs a
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