utres, tant escholiers
que de diverses conditions, de ne toucher nullement cest autel. Enquis
pourquoy ils faisoyent cette instance, respondirent qu'il n'importoit d'en
approcher pour le voir et regarder de pres tant que l'on voudroit: mais de
l'attouchement s'ensuivoyent merveilleux changemens en l'air. Il faisoit
fort beau en tous les deux voyages. Mais au premier se trouva un moine en
la compagnie, qui se riant de l'advertissement de ces pastres, dit qu'il
vouloit essayer que c'estoit de cest enchantement: et tandis que les autres
amusoyent ces rustiques, approche de l'autel et le touche comme il voulut.
Soudain le ciel s'obscurcit, les tonnerres grondent: le moine et tous les
autres gaignent au pied, mais avant qu'ils eussent atteint le bas de la
montagne, apres plusieurs esclats de foudre et d'orages effroyables, ils
furent moueillez jusques a la peau, poursuivis au reste par les pastres a
coups de cailloux et de frondes. Au second voyage le mesme fut attente par
un escholier avec mesmes effects de foudres, orages et ravines d'eaux les
plus estranges qu'il est possible de penser."
[Note 1: _Thresor des histoires admirables_, t. II, p. 776.]
Selon Dom Calmet[1], "Spranger _in mallio maleficorum_ raconte qu'en Souabe
un paysan avec sa petite fille agee d'environ huit ans, etant alle visiter
ses champs, se plaignait de la secheresse, en disant: Helas, Dieu nous
donnera-t-il de la pluie! La petite fille lui dit incontinent, qu'elle lui
en feroit venir quand il voudroit. Il repondit: Et qui t'a enseigne ce
secret? C'est ma mere, dit-elle, qui m'a fort defendu de le dire a
personne. Et comment a-t-elle fait pour te donner ce pouvoir? Elle m'a
menee a un maitre, qui vient a moi autant de fois que je l'appelle. Et
as-tu vu ce maitre? Oui, dit-elle, j'ai souvent vu entrer des hommes chez
ma mere, a l'un desquels elle m'a vouee. Apres ce dialogue, le pere lui
demanda comment elle feroit pour faire pleuvoir seulement sur son champ.
Elle demanda un peu d'eau; il la mena a un ruisseau voisin, et la fille
ayant nomme l'eau au nom de celui auquel sa mere l'avoit vouee, aussi-tot
on vit tomber sur le champ une pluie abondante. Le pere convaincu que sa
femme etait sorciere, l'accusa devant les juges, qui la condamnerent au
feu. La fille fut baptisee et vouee a Dieu; mais elle perdit alors le
pouvoir de faire pleuvoir a sa volonte."
[Note 1: _Traite sur les apparitions des esprits_, t. I, p. 156.]
Bodin[1] dit que "la
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