Hessois, Saxons, Bavarois, menacaient le Rhin depuis Bale jusqu'a
Mayence et Coblentz. De ce point jusqu'a la Meuse, trente mille hommes
occupaient le Luxembourg. Soixante mille Autrichiens, et dix mille
Prussiens marchaient vers nos quartiers de la Meuse, pour interrompre les
sieges de Maestricht et de Venloo. Enfin quarante mille Anglais,
Hanovriens et Hollandais, demeures encore en arriere, s'avancaient du fond
de la Hollande sur notre ligne d'operation. Le projet de l'ennemi etait de
nous ramener de la Hollande sur l'Escaut, de nous faire repasser la Meuse,
et ensuite de s'arreter sur cette riviere en attendant que la place de
Mayence eut ete reprise. Son plan etait de marcher ainsi peu a peu, de
s'avancer egalement sur tous les points a la fois, et de ne penetrer
vivement sur aucun, afin de ne pas exposer ses flancs. Ce plan timide et
methodique aurait pu nous permettre de pousser beaucoup plus loin et plus
activement l'entreprise offensive de la Hollande, si des fautes ou des
accidens malheureux, ou trop de precipitation a s'alarmer, ne nous eussent
obliges d'y renoncer. Le prince de Cobourg, qui s'etait distingue dans la
derniere campagne contre les Turcs, commandait les Autrichiens, qui se
dirigeaient sur la Meuse. Le desordre regnait dans nos quartiers,
disperses entre Maestricht, Aix-la-Chapelle, Liege et Tongres. Dans les
premiers jours de mars, le prince de Cobourg passa la Roer, et s'avanca
par Duren et Aldenhoven sur Aix-la-Chapelle. Nos troupes, attaquees
subitement, se retirerent en desordre vers Aix-la-Chapelle, et en
abandonnerent meme les portes a l'ennemi. Miacsinsky resista quelque
temps; mais apres un combat assez meurtrier dans les rues de la ville, il
fut oblige de ceder, et de faire retraite vers Liege. Dans ce moment
Stengel et Neuilly, separes par ce mouvement, etaient rejetes dans le
Limbourg. Miranda qui assiegeait Maestricht, et qui pouvait etre encore
isole du principal corps d'armee retire a Liege, abandonna meme la rive de
gauche, et se retira sur Tongres. Les Imperiaux entrerent aussitot dans
Maestricht, et l'archiduc Charles, poussant hardiment les poursuites
au-dela de la Meuse, se porta jusqu'a Tongres et y obtint un avantage.
Alors Valence, Dampierre et Miacsinsky, reunis a Liege, penserent qu'il
fallait se hater de rejoindre Miranda, et marcherent sur Saint-Tron, ou
Miranda se rendait de son cote. La retraite fut si precipitee, qu'on
perdit une partie du materiel. Cependant, apres de
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