contre-revolutionnaires, et charge son comite de legislation de lui
presenter demain un projet d'organisation."
Immediatement apres ce decret, on en rend un second, qui frappe les riches
d'une taxe extraordinaire de guerre; un troisieme qui organise
quarante-une commissions, de deux deputes chacune, chargees de se rendre
dans les departemens, pour y accelerer le recrutement par tous les moyens
possibles, pour y desarmer ceux qui ne partent pas, pour faire arreter les
suspects, pour s'emparer des chevaux de luxe, pour y exercer enfin la
dictature la plus absolue. A ces mesures on en ajouta d'autres encore: les
bourses des colleges n'appartiendront a l'avenir qu'aux fils de ceux qui
seront partis pour les armees; tous les celibataires travaillant dans les
bureaux seront remplaces par des peres de famille, la contrainte par corps
sera abolie. Le droit de tester l'avait ete quelques jours auparavant.
Toutes ces mesures furent prises sur la proposition de Danton, qui
connaissait parfaitement l'art de rattacher les interets a la cause de
la revolution.
Les jacobins, satisfaits de cette journee, coururent s'applaudir chez eux
du zele qu'ils avaient montre, de la maniere dont ils avaient compose les
tribunes, et de l'imposante reunion que presentaient les rangs serres de
la Montagne. Ils se recommanderent de continuer, et d'etre tous presens a
la seance du lendemain, ou devait s'organiser le tribunal extraordinaire.
"Robespierre, se disaient-ils, nous l'a bien recommande." Cependant ils
n'etaient pas satisfaits encore de ce qu'ils avaient obtenu; l'un d'eux
proposa de rediger une petition ou ils demanderaient le renouvellement des
comites et du ministere, l'arrestation de tous les fonctionnaires a
l'instant meme de leur destitution, et celle de tous les administrateurs
des postes, et des journalistes contre-revolutionnaires. Sur-le-champ on
veut faire la petition; cependant le president objecte que la societe ne
peut pas faire un acte collectif, et on convient d'aller chercher un autre
local pour s'y reunir en qualite de simples petitionnaires. On se repand
alors dans Paris. Le tumulte y regnait. Une centaine d'individus,
promoteurs ordinaires de tous les desordres, conduits par Lasouski,
s'etaient rendus chez le journaliste Gorsas, armes de pistolets et de
sabres, et avaient brise ses presses. Gorsas s'etait enfui, et n'etait
parvenu a se sauver qu'en se defendant avec beaucoup de courage et de
presence d'esprit. Ils avaien
|