oi! reprend Danton, c'est a l'instant ou Miranda peut
etre battu, et Dumouriez, pris par derriere, oblige de mettre bas les
armes, que vous songeriez a delaisser votre poste[1]! Il faut terminer
l'etablissement de ces lois extraordinaires destinees a epouvanter vos
ennemis interieurs. Il les faut arbitraires, parce qu'il est impossible de
les rendre precises; parce que, si terribles qu'elles soient, elles seront
preferables encore aux executions populaires, qui, aujourd'hui comme en
septembre, seraient la suite des lenteurs de la justice. Apres ce
tribunal, il faut organiser un pouvoir executif energique, qui soit en
contact immediat avec vous, et qui puisse mettre en mouvement
tous vos moyens en hommes et en argent. Aujourd'hui donc le tribunal
extraordinaire, demain le pouvoir executif, et apres-demain le depart de
vos commissaires pour les departemens. Qu'on me calomnie, si l'on veut;
mais que ma memoire perisse, et que la republique soit sauvee!"
[Note 1: Dans ce moment on ne savait pas encore que Dumouriez avait quitte
la Hollande pour revenir sur la Meuse.]
Malgre cette violente exhortation, la suspension d'une heure est accordee,
et les deputes vont prendre un repos indispensable. Il etait environ sept
heures du soir. L'oisivete du dimanche, les repas donnes dans la journee,
la question qui s'agitait dans l'assemblee, tout contribuait a augmenter
l'agitation populaire. Sans qu'il y eut de complot forme d'avance, comme
le crurent les girondins, on etait amene par la seule disposition des
esprits a une scene eclatante. On etait assemble aux Jacobins; Bentabole
etait accouru pour y faire le rapport sur la seance de la convention, et
se plaindre des patriotes, qui n'avaient pas ete aussi energiques ce
jour-la que la veille. Le conseil general de la commune siegeait
pareillement. Les sections, abandonnees par les citoyens paisibles,
etaient livrees a quelques furieux, qui prenaient des arretes
incendiaires. Dans celle des Quatre-Nations, dix-huit forcenes avaient
decide que le departement de la Seine devait en ce moment exercer la
souverainete, et que le corps electoral de Paris devait s'assembler
sur-le-champ pour retrancher de la convention nationale les deputes
infideles, qui conspiraient avec les ennemis de la revolution. Ce meme
arrete fut pris par le club des cordeliers, et une deputation de la
section et du club se rendait en ce moment a la commune pour lui en donner
communication. Des perturbateurs, suivant
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