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nde, toutes les
puissances maritimes, egarees par les passions aristocratiques, s'armer
avec leur ennemie l'Angleterre, contre la France, leur seule alliee. On
voyait encore la Prusse, par une inconcevable vanite, s'unir au chef de
l'empire contre cette France dont le grand Frederic avait toujours
recommande l'alliance. Le petit roi de Sardaigne tombait dans la meme
faute par des motifs a la verite plus naturels, ceux de la parente. Dans
l'orient et le nord, on laissait Catherine commettre un crime contre la
Pologne, un attentat contre la surete de l'Allemagne, pour le frivole
avantage d'acquerir quelques provinces, et pour pouvoir encore dechirer la
France sans distraction. On meconnaissait donc a la fois toutes les
anciennes et utiles amities, et on cedait aux perfides suggestions des
deux dominations les plus redoutables, pour s'armer contre notre
malheureuse patrie, ancienne protectrice ou alliee de ceux qui
l'attaquaient aujourd'hui. Tout le monde y contribuait, tout le monde se
pretait aux vues de Pitt et de Catherine; d'imprudens Francais
parcouraient l'Europe pour hater ce funeste renversement de la politique
et de la prudence, et pour attirer sur leur pays le plus affreux des
orages. Et quels etaient les motifs d'une aussi etrange conduite! On
livrait la Pologne a Catherine, parce qu'elle avait voulu regulariser son
antique liberte; on livrait la France a Pitt, parce qu'elle avait voulu se
donner la liberte qu'elle n'avait pas encore! Sans doute la France avait
commis des exces: mais ces exces devaient s'accroitre encore avec la
violence de la lutte, et on allait, sans parvenir a immoler cette liberte
detestee, preparer trente ans de la guerre la plus meurtriere, provoquer
de vastes invasions, faire naitre un conquerant, amener des desordres
immenses, et finir par l'etablissement des deux colosses qui dominent
aujourd'hui l'Europe sur les deux elemens, l'Angleterre et la Russie.
Au milieu de cette conjuration generale, le Danemark seul, conduit par un
ministre habile, et la Suede, delivree des reves presomptueux de Gustave,
gardaient une sage reserve, que la Hollande et l'Espagne auraient du
imiter en se reunissant au systeme de la neutralite armee. Le gouvernement
francais avait parfaitement juge ces dispositions generales, et
l'impatience qui le caracterisait dans ce moment ne lui permettait pas
d'attendre les declarations de guerre, mais le portait au contraire a les
provoquer. Depuis le 10 aout il n'avait c
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