orte vitree qui donne dans la chambre. De la je verrai
tout, et au moindre geste suspect j'extermine.
-- Bravo! pensa d'Artagnan, de ce cote, je crois, le cardinal sera
bien garde.
Et il serra la main du seigneur de Pierrefonds et alla trouver
Athos.
-- Mon cher Athos, dit-il, je pars. Je n'ai qu'une chose a vous
dire: vous connaissez Anne d'Autriche, la captivite de
M. de Mazarin garantit seule ma vie; si vous le lachez, je suis
mort.
-- Il ne me fallait rien moins qu'une telle consideration, mon
cher d'Artagnan, pour me decider a faire le metier de geolier. Je
vous donne ma parole que vous retrouverez le cardinal ou vous le
laissez.
-- Voila qui me rassure plus que toutes les signatures royales,
pensa d'Artagnan. Maintenant que j'ai la parole d'Athos, je puis
partir.
D'Artagnan partit effectivement seul, sans autre escorte que son
epee et avec un simple laissez-passer de Mazarin pour parvenir
pres de la reine.
Six heures apres son depart de Pierrefonds, il etait a Saint-
Germain.
La disparition de Mazarin etait encore ignoree; Anne d'Autriche
seule la savait et cachait son inquietude a ses plus intimes. On
avait retrouve dans la chambre de d'Artagnan et de Porthos les
deux soldats garrottes et baillonnes. On leur avait immediatement
rendu l'usage des membres et de la parole; mais ils n'avaient rien
autre chose a dire que ce qu'ils savaient, c'est-a-dire comme ils
avaient ete harponnes, lies et depouilles. Mais de ce qu'avaient
fait Porthos et d'Artagnan une fois sortis, par ou les soldats
etaient entres, c'est ce dont ils etaient aussi ignorants que tous
les habitants du chateau.
Bernouin seul en savait un peu plus que les autres.
Bernouin, ne voyant pas revenir son maitre et entendant sonner
minuit, avait pris sur lui de penetrer dans l'orangerie. La
premiere porte, barricadee avec les meubles, lui avait deja donne
quelques soupcons; mais cependant il n'avait voulu faire part de
ses soupcons a personne, et avait patiemment fraye son passage au
milieu de tout ce demenagement. Puis il etait arrive au corridor,
dont il avait trouve toutes les portes ouvertes. Il en etait de
meme de la porte de la chambre d'Athos et de celle du parc. Arrive
la, il lui fut facile de suivre les pas sur la neige. Il vit que
ces pas aboutissaient au mur; de l'autre cote, il retrouva la meme
trace, puis des pietinements de chevaux, puis les vestiges d'une
troupe de cavalerie tout entiere qui s'etait eloignee dans la
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