u'on baptiserait son fils,
d'aller lui faire preparer ses logements a Rouen. Je vais
m'acquitter de cette commission; puis, s'il n'y a rien de nouveau,
je retournerai m'ensevelir dans mon couvent de Noisy-le-Sec.
-- Et moi, dit Athos, je retourne a Bragelonne. Vous le savez, mon
cher d'Artagnan, je ne suis plus qu'un bon et brave campagnard.
Raoul n'a d'autre fortune que ma fortune, pauvre enfant! et il
faut que je veille sur elle, puisque je ne suis en quelque sorte
qu'un prete-nom.
-- Et Raoul, qu'en faites-vous?
-- Je vous le laisse, mon ami. On va faire la guerre en Flandre,
vous l'emmenerez; j'ai peur que le sejour de Blois ne soit
dangereux a sa jeune tete. Emmenez-le et apprenez-lui a etre brave
et loyal comme vous.
-- Et moi, dit d'Artagnan, je ne vous aurai plus, Athos, mais au
moins je l'aurai, cette chere tete blonde; et, quoique ce ne soit
qu'un enfant, comme votre ame tout entiere revit en lui, cher
Athos, je croirai toujours que vous etes la pres de moi,
m'accompagnant et me soutenant.
Les quatre amis s'embrasserent les larmes aux yeux.
Puis ils se separerent sans savoir s'ils se reverraient jamais.
D'Artagnan revint rue Tiquetonne avec Porthos, toujours preoccupe
et toujours cherchant quel etait cet homme qu'il avait tue. En
arrivant devant l'hotel de La Chevrette, on trouva les equipages
du baron prets et Mousqueton en selle.
-- Tenez, d'Artagnan, dit Porthos, quittez l'epee et venez avec
moi a Pierrefonds, a Bracieux ou au Vallon; nous vieillirons
ensemble en parlant de nos compagnons.
-- Non pas! dit d'Artagnan. Peste! on va ouvrir la campagne, et je
veux en etre; j'espere bien y gagner quelque chose!
-- Et qu'esperez-vous donc devenir?
-- Marechal de France, pardieu!
-- Ah! ah! fit Porthos en regardant d'Artagnan, aux gasconnades
duquel il n'avait jamais pu se faire entierement.
-- Venez avec moi, Porthos, dit d'Artagnan, je vous ferai duc.
-- Non, dit Porthos, Mouston ne veut plus faire la guerre.
D'ailleurs on m'a menage une entree solennelle chez moi, qui va
faire crever de pitie tous mes voisins.
-- A ceci, je n'ai rien a repondre, dit d'Artagnan qui connaissait
la vanite du nouveau baron. Au revoir donc, mon ami.
-- Au revoir, cher capitaine, dit Porthos. Vous savez que lorsque
vous me voudrez venir voir, vous serez toujours le bienvenu dans
ma baronnie.
-- Oui, dit d'Artagnan, au retour de la campagne j'irai.
-- Les equipages de M. le baron attendent, d
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