meconnu ces hommes, dit Anne d'Autriche en regardant
s'eloigner d'Artagnan, et maintenant il est trop tard pour que je
les utilise: dans un an le roi sera majeur!
Quinze heures apres, d'Artagnan et Porthos ramenaient Mazarin a la
reine, et recevaient, l'un son brevet de lieutenant-capitaine des
mousquetaires, l'autre son diplome de baron.
-- Eh bien! etes-vous contents? demanda Anne d'Autriche.
D'Artagnan s'inclina. Porthos tourna et retourna son diplome entre
ses doigts en regardant Mazarin.
-- Qu'y a-t-il donc encore? demanda le ministre.
-- Il y a, Monseigneur, qu'il avait ete question d'une promesse de
chevalier de l'ordre a la premiere promotion.
-- Mais, dit Mazarin, vous savez, monsieur le baron, qu'on ne peut
etre chevalier de l'ordre sans faire ses preuves.
-- Oh! dit Porthos, ce n'est pas pour moi, Monseigneur, que j'ai
demande le cordon bleu.
-- Et pour qui donc? demanda Mazarin.
-- Pour mon ami, M. le comte de La Fere.
-- Oh! celui-la, dit la reine, c'est autre chose: les preuves sont
faites.
-- Il l'aura?
-- Il l'a.
Le meme jour le traite de Paris etait signe, et l'on proclamait
partout que le cardinal s'etait enferme pendant trois jours pour
l'elaborer avec plus de soin.
Voici ce que chacun gagnait a ce traite:
M. de Conti avait Damvilliers, et, ayant fait ses preuves comme
general, il obtenait de rester homme d'epee et de ne pas devenir
cardinal. De plus, on avait lache quelques mots d'un mariage avec
une niece de Mazarin; ces quelques mots avaient ete accueillis
avec faveur par le prince, a qui il importait peu avec qui on le
marierait, pourvu qu'on le mariat.
M. le duc de Beaufort faisait son entree a la cour avec toutes les
reparations dues aux offenses qui lui avaient ete faites et tous
les honneurs qu'avait droit de reclamer son rang. On lui accordait
la grace pleine et entiere de ceux qui l'avaient aide dans sa
fuite, la survivance de l'amiraute que tenait le duc de Vendome
son pere, et une indemnite pour ses maisons et chateaux que le
parlement de Bretagne avait fait demolir.
Le duc de Bouillon recevait des domaines d'une egale valeur a sa
principaute de Sedan, une indemnite pour les huit ans de non-
jouissance de cette principaute, et le titre de prince accorde a
lui et a ceux de sa maison.
M. le duc de Longueville, le gouvernement du Pont-de-l'Arche, cinq
cent mille livres pour sa femme et l'honneur de voir son fils tenu
sur les fonts de bapteme par le
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