plication qu'il tente de l'origine des religions, au second chant.
Il n'en distingue pas meme le nom de celui de la superstition pure,
et ce qui se rapporte a cette partie du poeme, dans ses papiers, est
volontiers marque en marge du mot fletrissant ([Greek: deisidaimonia]).
Ici l'on a peu a regretter qu'Andre n'ait pas mene plus loin ses
projets; il n'aurait en rien echappe, malgre toute sa nouveaute de
style, au lieu commun d'alentour, et il aurait reproduit, sans trop de
variante, le fond de d'Holbach ou de l'_Essai sur les Prejuges_:
"Tout accident naturel dont la cause etait inconnue, un ouragan, une
inondation, une eruption de volcan, etaient regardes comme une vengeance
celeste...
"L'homme egare de la voie, effraye de quelques phenomenes terribles,
se jeta dans toutes les superstitions, le feu, les demons... Ainsi le
voyageur, dans les terreurs de la nuit, regarde et voit dans les
nuages des centaures, des lions, des dragons, et mille autres formes
fantastiques. Les superstitions prirent la teinture de l'esprit des
peuples, c'est-a-dire des climats. Rapide multitude d'exemples. Mais
l'imitation et l'autorite changent le caractere. De la souvent un peuple
qui aime a rire ne voit que diable et qu'enfer."
Il se reservait pourtant de grands et sombres tableaux a retracer:
"Lorsqu'il sera question des sacrifices humains, ne pas oublier ce
que partout on a appele les jugements de Dieu, les fers rouges, l'eau
bouillante, les combats particuliers. Que d'hommes dans tous les pays
ont ete immoles pour un eclat de tonnerre ou telle autre cause!...
Partout sur des autels j'entends mugir Apis,
Beler le dieu d'Ammon, aboyer Anubis."
Mais voici le genie d'expression qui se retrouve: "Des opinions
puissantes, un vaste echafaudage politique ou religieux, ont souvent ete
produits par une idee sans fondement, une reverie, un vain fantome,
Comme on feint qu'au printemps, d'amoureux aiguillons
La cavale agitee erre dans les vallons,
Et, n'ayant d'autre epoux que l'air qu'elle respire,
Devient epouse et mere au souffle du Zephire."
J'abrege les indications sur cette portion de son sujet qu'il aurait
aime a etendre plus qu'il ne convient a nos directions d'idees et a nos
desirs d'aujourd'hui; on a peine pourtant, du moment qu'on le peut, a ne
pas vouloir penetrer familierement dans sa secrete pensee:
"La plupart des fables furent sans doute des emblemes et des apologues
des sages (expliquer cela comme Lucre
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