nds poetes
aimes. A la fin de l'idylle intitulee _la Liberte_, entre le chevrier et
le berger, on lit sur le manuscrit: _Commencee le vendredi au soir 10,
et finie le dimanche au soir 12 mars 1787_. La piece a un peu plus de
cent cinquante vers. On a la une juste mesure de la verve d'execution
d'Andre: elle tient le milieu, pour la rapidite, entre la lenteur un peu
avare des poetes sous Louis XIV et le train de Mazeppa d'aujourd'hui.]
Deux fragments d'idylles, publies dans l'edition de 1833, se peuvent
completer heureusement, a l'aide de quelques lignes de prose qu'on avait
negligees; je les retablis ici dans leur ensemble.
LES COLOMBES.
Deux belles s'etaient baisees.... Le poete berger, temoin jaloux de
leurs caresses, chante ainsi:
"Que les deux beaux oiseaux, les colombes fideles,
Se baisent. Pour s'aimer les Dieux les firent belles.
Sous leur tete mobile, un cou blanc, delicat,
Se plie, et de la neige effacerait l'eclat.
Leur voix est pure et tendre, et leur ame innocente,
Leurs yeux doux et sereins, leur bouche caressante.
L'une a dit a sa soeur:--Ma soeur...
(Ma soeur, en un tel lieu croissent l'orge et le millet...)
L'autour et l'oiseleur, ennemis de nos jours,
De ce reduit peut-etre ignorent les detours;
Viens...
(Je te choisirai moi-meme les graines que tu aimes, et mon bec
s'entrelacera dans le tien.)
...
L'autre a dit a sa soeur: Ma soeur, une fontaine
Coule dans ce bosquet...
(L'oie ni le canard n'en ont jamais souille les eaux, ni leurs cris...
Viens, nous y trouverons une boisson pure, et nous y baignerons notre
tete et nos ailes, et mon bec ira polir ton plumage.--Elles vont, elles
se promenent en roucoulant au bord de l'eau; elles boivent, se baignent,
mangent; puis, sur un rameau, leurs becs s'entrelacent: elles se
polissent leur plumage l'une a l'autre).
Le voyageur, passant en ces fraiches campagnes,
Dit[66]: O les beaux oiseaux! o les belles compagnes!
Il s'arreta longtemps a contempler leurs jeux;
Puis, reprenant sa route et les suivant des yeux,
Dit: Baisez, baisez-vous, colombes innocentes,
Vos coeurs sont doux et purs, et vos voix caressantes;
Sous votre aimable tete, un cou blanc, delicat,
Se plie, et de la neige effacerait l'eclat."
[Note 66: Ce voyageur est-il le meme que le berger du commencement?
ou entre-t-il comme personnage dans la chanson du berger? Je le croirais
plutot, mais ce n'est pas bien clair.]
L'editi
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