i des perils amonceles que lui opposa en vain
Des derniers Africains le Cap noir des Tempetes!
On a l'epilogue de l'_Hermes_ presque acheve: toute la pensee
philosophique d'Andre s'y resume et s'y exhale avec ferveur:
O mon fils, mon _Hermes_, ma plus belle esperance;
O fruit des longs travaux de ma perseverance,
Toi, l'objet le plus cher des veilles de dix ans,
Qui m'as coute des soins et si doux et si lents;
Confident de ma joie et remede a mes peines;
Sur les lointaines mers, sur les terres lointaines,
Compagnon bien-aime de mes pas incertains,
O mon fils, aujourd'hui quels seront tes destins?
Une mere longtemps se cache ses alarmes;
Elle-meme a son fils veut attacher ses armes:
Mais quand il faut partir, ses bras, ses faibles bras
Ne peuvent sans terreur l'envoyer aux combats.
Dans la France, pour toi, que faut-il que j'espere?
Jadis, enfant cheri, dans la maison d'un pere
Qui te regardait naitre et grandir sous ses yeux,
Tu pouvais sans peril, disciple curieux,
Sur tout ce qui frappait ton enfance attentive
Donner un libre essor a ta langue naive.
Plus de pere aujourd'hui! Le mensonge est puissant,
Il regne: dans ses mains luit un fer menacant.
De la verite sainte il deteste l'approche;
Il craint que son regard ne lui fasse un reproche,
Que ses traits, sa candeur, sa voix, son souvenir,
Tout mensonge qu'il est, ne le fasse palir.
Mais la verite seule est une, est eternelle;
Le mensonge varie, et l'homme trop fidele
Change avec lui: pour lui les humains sont constants,
Et roulent de mensonge en mensonge flottants...
Ici, il y a lacune; le canevas en prose y supplee: "Mais quand le temps
aura precipite dans l'abime ce qui est aujourd'hui sur le faite, et que
plusieurs siecles se seront ecoules l'un sur l'autre dans l'oubli, avec
tout l'attirail des prejuges qui appartiennent a chacun d'eux, pour
faire place a des siecles nouveaux et a des erreurs nouvelles...
Le francais ne sera dans ce monde nouveau
Qu'une ecriture antique et non plus un langage;
Oh! si tu vis encore, alors peut-etre un sage,
Pres d'une lampe assis, dans l'etude plonge,
Te retrouvant poudreux, obscur, demi ronge,
Voudra creuser le sens de tes lignes pensantes:
Il verra si du moins tes feuilles innocentes
Meritaient ces rumeurs, ces tempetes, ces cris
Qui vont sur toi, sans doute, eclater dans Paris;...
alors, peut-etre... on verra si... et si, en ecrivan
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