es,
Et grimpant au sommet le long des flancs rayes;
Aux plaines d'alentour, dans des foins, de vieux saules
Plus qu'a demi noyes, et cachant leurs epaules
Dans leurs cheveux pendants, comme on voit des nageurs;
De petits horizons nuances de rougeurs;
De petits fonds riants, deux ou trois blancs villages
Entrevus d'assez loin a travers des feuillages;
Oh! que j'y voudrais vivre, au moins vivre un printemps,
Loin de Paris, du bruit des propos inconstants,
Vivre sans souvenir!.........
Dans cette retraite heureuse et variee, l'ame de Farcy s'ennoblissait de
jour en jour; son esprit s'elevait, loin des fumees des sens, aux plus
hautes et aux plus sereines pensees. La politique active et quotidienne
ne l'occupait que mediocrement, et sans doute, la veille des
Ordonnances, il en etait encore a ses meditations metaphysiques et
morales, ou a quelque lecture, comme celle des _Harmonies_, dans
laquelle il se plongeait avec enivrement. Nous extrayons religieusement
ici les dernieres pensees ecrites sur son journal; elles sont empreintes
d'un instinct inexplicable et d'un pressentiment sublime:
"Chacun de nous est un artiste qui a ete charge de sculpter lui-meme sa
statue pour son tombeau, et chacun de nos actes est un des traits dont
se forme notre image. C'est a la nature a decider si ce sera la statue
d'un adolescent, d'un homme mur ou d'un vieillard. Pour nous, tachons
seulement qu'elle soit belle et digne d'arreter les regards. Du reste,
pourvu que les formes en soient nobles et pures, il importe peu que ce
soit Apollon ou Hercule, la Diane chasseresse ou la Venus de Praxitele."
"Voyageur, annonce a Sparte que nous sommes morts ici pour obeir a ses
saints commandements."
"Ils moururent irreprochables dans la guerre comme dans l'amitie[79]."
[Note 79: Cette epitaphe et la precedente se trouvent citees par
Jean-Jacques au livre IV de l'_Emile_.]
"Ici reposent les cendres de don Juan Diaz Porlier, general des armees
espagnoles, qui a ete heureux dans ce qu'il a entrepris contre les
ennemis de son pays, mais qui est mort victime des dissensions civiles."
Peut-etre, apres tout, ces nobles epitaphes de heros ne lui
revinrent-elles a l'esprit que le mardi, dans l'intervalle des
Ordonnances a l'insurrection, et comme un echo naturel des heroiques
battements de son coeur. Le mercredi, vers les deux heures apres midi,
a la nouvelle du combat, il arrivait a Paris, rue d'Enfer, chez son ami
Colin, qui
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