oyson lui demanda s'il desirait faire appeler quelque parent, quelque
ami; Farcy dit qu'il ne desirait personne; et comme M. Loyson insistait,
le mourant nomma un ami qu'on ne trouva pas chez lui, et qui ne fut pas
informe a temps pour venir. Une fois seulement, a un bruit plus violent
qui se faisait dans la rue, il parut craindre que le peuple n'eut le
dessous et ne fut refoule; on le rassura; ce furent ses dernieres
paroles; il mourut calme et grave, recueilli en lui-meme, sans ivresse
comme sans regret. (29 juillet 1830.)
[Note 80: C'est tout a fait le meme raisonnement genereux qui anime,
dans Homere, Sarpedon s'adressant a Glaucus au moment de l'assaut du
camp (_Iliade_, XII): "O Glaucus, pourquoi sommes-nous entre tous
honores en Lycie et par le siege, et par les mets et les coupes
d'honneur? pourquoi tous nous considerent-ils comme des dieux, et a quel
titre, aux rives du Xanthe, possedons-nous notre grand domaine, riche en
vergers et en terres fecondes? C'est pour cela qu'aujourd'hui il nous
faut faire tete au premier rang des Lyciens, et nous lancer au feu de la
melee, afin qu'au moins chacun des notres dise, etc., etc..." Pour Farcy
les avantages a conquerir avaient certes moins de splendeur, et le grand
_domaine_, c'eut ete une chaire. Mais plus le prix reste bourgeois, et
plus est noble l'heroisme, ou, pour l'appeler par son vrai nom, plus est
pur le sentiment du devoir.]
Le corps fut transporte et inhume au Pere-Lachaise, dans la partie du
cimetiere ou reposent les morts de Juillet. Plusieurs personnes, et
entre autres M. Guigniaut, prononcerent de touchants adieux.
Les amis de Farcy n'ont pas ete infideles au culte de la noble victime;
ils lui ont eleve un monument funeraire qui devra etre replace au
veritable endroit de sa chute. M. Colin a vivement reproduit ses traits
sur la toile. M. Cousin lui a dedie sa traduction des _Lois_ de Platon,
se souvenant que Farcy etait mort en combattant pour les _lois_. Et
nous, nous publions ses vers, comme on expose de pieuses reliques[81].
[Note 81: Deux poetes genereux et delicats, dont l'un avait connu
Farcy et dont l'autre l'avait vu seulement, MM. Antony Deschamps et
Brizeux, ont consacre a sa memoire des vers que nous n'avons garde
d'omettre dans cette liste d'hommages funebres. Voici ceux de M.
Deschamps:
Que ne suis-je couche dans un tombeau profond,
Perce comme Farcy d'une balle de plomb,
Lui dont l'ame etait pure, et si pure la vie,
Sans tr
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