paroles... la mer t'a recu avec elles
(les Pleiades)."]
_Nina, ou la Folle par amour_, ce touchant drame de Marsollier, fut
representee, pour la premiere fois, en 1786; Andre Chenier put y
assister; il dut etre emu aux tendres sons de la romance de Dalayrac:
Quand le bien-aime reviendra
Pres de sa languissante amie, etc.
Ceci n'est qu'une conjecture, mais que semble confirmer et justifier
le canevas suivant qui n'est autre que le sujet de Nina, transporte en
Grece, et ou se retrouve jusqu'a l'echo des rimes de la romance:
"La jeune fille qu'on appelait _la Belle de Scio_... Son amant mourut...
elle devint folle... Elle courait les montagnes (la peindre d'une
maniere antique).--(J'en pourrai, un jour, faire un tableau, un
_quadro_)... et, longtemps apres elle, on chantait cette chanson faite
par elle dans sa folie:
Ne reviendra-t-il pas? Il reviendra sans doute.
Non, il est sous la tombe: il attend, il ecoute.
Va, Belle de Scio, meurs! il te tend les bras;
Va trouver ton amant: il ne reviendra pas!"
Et, comme _post-scriptum_, il indique en anglais la chanson du quatrieme
acte d'_Hamlet_ que chante Ophelia dans sa folie: avide et pure abeille,
il se reserve de petrir tout cela ensemble[64]!
[Note 64: Andre etait comme La Fontaine, qui disait:
J'en lis qui sont du Nord et qui sont du Midi.
Il lisait tout. M. Piscatori pere, qui l'a connu avant la Revolution,
m'a raconte qu'un jour, particulierement, il l'avait entendu causer avec
feu et se developper sur Rabelais. Ce qu'il en disait a laisse dans
l'esprit de M. Piscatori une impression singuliere de nouveaute et
d'eloquence. Cette etude qu'il avait faite de Rabelais me justifierait,
s'il en etait besoin, de l'avoir autrefois rapproche longuement de
Regnier.]
Fidele a l'antique, il ne l'etait pas moins a la nature; si, en imitant
les anciens, il a l'air souvent d'avoir senti avant eux, souvent,
lorsqu'il n'a l'air que de les imiter, il a reellement observe lui-meme.
On sait le joli fragment:
Fille du vieux pasteur, qui, d'une main agile,
Le soir remplis de lait trente vases d'argile.
Crains la genisse pourpre, au farouche regard...
Eh bien! au bas de ces huit vers bucoliques, on lit sur le manuscrit:
vu _et fait a Catillon pres Forges le 4 aout 1792 et ecrit a Gournay le
lendemain_. Ainsi le poete se rafraichissait aux images de la nature, a
la veille du 10 aout[65].
[Note 65: On se plait a ces moindres details sur les gra
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