n lisant une
epigramme de Platon sur Pan qui joue de la flute, il en remarque
le dernier vers ou il est question des _Nymphes hydriades_; je ne
connaissais pas encore ces nymphes, se dit-il; et on sent qu'il se
propose de ne pas s'en tenir la avec elles. Il copie de sa main une
epigramme de Myro la Byzantine qu'il trouve charmante, adressee aux
_Nymphes hamadryades_ par un certain Cleonyme qui leur dedie des statues
dans un lieu plante de pins. Ainsi il va quetant partout son butin
choisi. Tantot, ce sont deux vers d'une petite idylle de Meleagre sur le
printemps:
L'alcyon sur les mers, pres des toits l'hirondelle,
Le cygne au bord du lac, sous le bois Philomele;
tantot, c'est un seul vers de Bion (Epithalame d'Achille et de
Deidamie):
Et les baisers secrets et les lits clandestins;
il les traduit exactement et se promet bien de les enchasser quelque
part un jour[61]. Il guettait de l'oeil, comme une tendre proie, les
excellents vers de Denys le geographe, ou celui-ci peint les femmes de
Lydie dans leurs danses en l'honneur de Bacchus, et les jeunes filles
qui sautent et bondissent _comme des faons nouvellement allaites_,
... Lacte mero mentes perculsa novellas;
_et les vents, fremissant autour d'elles, agitent sur leurs poitrines
leurs tuniques elegantes_. Il voulait imiter l'idylle de Theocrite dans
laquelle la courtisane Eunica se raille des hommages d'un patre; chez
Andre, c'eut ete une contre-partie probablement; on aurait vu une fille
des champs raillant un _beau_ de la ville, et lui disant: Allez, vous
preferez
Aux belles de nos champs vos belles citadines.
La troisieme elegie du livre IV de Tibulle, dans laquelle le poete
suppose Sulpice eploree, s'adressant a son amant Cerinthe et le
rappelant de la chasse, tentait aussi Andre et il en devait mettre une
imitation dans la bouche d'une femme. Mais voici quelques projets plus
esquisses sur lesquels nous l'entendrons lui-meme:
"Il ne sera pas impossible de parler quelque part de ces mendiants
charlatans qui demandaient pour la Mere des Dieux, et aussi de ceux qui,
a Rhodes, mendiaient pour la corneille et pour l'hirondelle; et traduire
les deux jolies chansons qu'ils disaient en demandant cette aumone et
qu'Athenee a conservees."
[Note 56: Edition de 1833, tome II, page 319.]
[Note 57: M. Patin, dans sa lecon d'ouverture publiee le 16 decembre
1838 (_Revue de Paris_), a rapproche exactement la tentative de Chenier
de l'oeuvre d'H
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