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mortel; et Victor et Jean payerent sans chagrin ni regret chacun la
moitie de la somme exigee; ils resolurent meme de passer encore une nuit
dans cet hotel. Il leur restait environ treize cents francs en billets
de banque. Ils avaient dormi tres-mal la nuit et se trouvaient
maintenant dans une maison dont les gens etaient honnetes et polis.
Qui sait quelles difficultes et quels desagrements ils rencontreraient
dans une autre auberge? Ils resteraient donc ou ils etaient; ils iraient
se promener a leur aise, visiter San-Francisco, diner en ville et meme
boire une bouteille de vin, pour se donner au moins un peu de bonne vie,
apres une traversee si longue et si ennuyeuse. Donat devait rester avec
eux jusqu'au lendemain, puis on delibererait murement sur ce qu'il y
aurait de mieux a faire pour attendre l'arrivee des directeurs de _la
Californienne_ sans crainte d'epuiser les ressources.
Ils allumerent les cigares que l'etranger leur avait donnes, et
sortirent le coeur leger et plein de confiance, pour commencer leur
promenade.
XII
LA MAISON DE JEU
Les trois Flamands s'etaient promenes et avaient flane toute la journee
dans les rues de San-Francisco, regardant ce qui etait nouveau pour eux,
s'arretant devant les boutiques et les magasins, et causant du spectacle
surprenant de cette foule d'hommes etranges au milieu desquels ils
vivaient. Quant a la ville meme, elle n'offrait rien de remarquable.
Quoique, en ce moment, peut-etre plus de cinquante mille hommes de
toutes les nations du monde s'y coudoyassent, San-Francisco ne se
composait que de maisons en bois a un etage, a cote de quelques tentes
et baraques en toile qui s'etendaient comme des faubourgs vers la
campagne.
Ce n'etait donc que la population qui pouvait etre l'objet de la
curiosite de Victor et de ses camarades. Comme, dans le courant de la
journee, ils n'avaient rien rencontre de menacant ni de desagreable, ils
finirent par conclure qu'ils s'etaient laisse effrayer, comme de vrais
enfants, par des choses qui pouvaient se passer partout, et dont, en
tout cas, ils ne devaient pas s'inquieter.
Leur bonne humeur avait cependant encore une autre cause. Pour feter
leur arrivee a San-Francisco comme ils l'avaient decide, ils etaient
entres dans un certain nombre de cafes, avaient bien mange et assez bien
bu, de sorte que l'effet du vin ou du _grog_ n'etait pas etranger a leur
joyeuse disposition d'esprit, quoiqu'ils eussent encore toute le
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