enebres apres une
courte periode de gloire et d'activite. La tribu du Marteau-Rouge eut
lieu de regretter la sepulture donnee au talisman, car les tribus
ennemies, longtemps epouvantees par la vaillance du grand chef,
revinrent en nombre et devasterent les pays de chasse, enleverent les
troupeaux et ravagerent meme les habitations.
Ces malheurs deciderent un des descendants de Marteau-Rouge 1er a
violer la sepulture de son aieul, a penetrer la nuit dans son caveau
et a enlever secretement le talisman, qu'il cacha avec soin dans sa
mardelle. Comme il ne pouvait avouer a personne cette profanation, il
ne pouvait se servir de cette arme excellente et ranimer le courage de
son clan, en la faisant briller au soleil des batailles. N'etant plus
secouee par un bras energique et vaillant,--le nouveau possesseur
etait plus superstitieux que brave,--elle perdit sa vertu, et la
tribu, vaincue, dispersee, dut aller chercher en d'autres lieux des
etablissements nouveaux. Ses mardelles conquises furent occupees par
le vainqueur, et des siecles s'ecoulerent sans que le fameux marteau
enterre entre deux pierres fut exhume. On l'oublia si bien, que, le
jour ou une vieille femme, en poursuivant un rat dans sa cuisine, le
retrouva intact, personne ne put lui dire a quoi ce couteau de pierre
avait pu servir. L'usage de ces outils s'etait perdu. On avait appris
a fondre et a faconner le bronze, et, comme ces peuples n'avaient pas
d'histoire, ils ne se souvenaient pas des services que le silex leur
avait rendus.
Toutefois, la vieille femme trouva le marteau joli et l'essaya pour
raper les racines qu'elle mettait dans sa soupe. Elle le trouva
commode, bien que le temps et l'humidite l'eussent prive de son beau
manche a cordelettes. Il etait encore coupant. Elle en fit son couteau
de predilection. Mais, apres elle, des enfants voulurent s'en servir
et l'ebrecherent outrageusement.
Quand vint l'age du fer, cet ustensile meprise fut oublie sur le bord
de la margelle tarie et a demi comblee. On construisait de nouvelles
habitations a fleur de terre avec des cultures autour. On connaissait
la beche et la cognee, on parlait, on agissait, on pensait autrement
que par le passe. Le glorieux marteau rouge redevint simple caillou et
reprit son sommeil impassible dans l'herbe des prairies.
Bien des siecles se passerent encore lorsqu'un paysan chasseur qui
poursuivait un lievre refugie dans la mardelle, et qui, pour mieux
courir, avait quitte ses
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