la fit dissoudre. Il intimida les
autorites a un tel point, qu'elles n'osaient plus paraitre devant lui. Un
jour elles voulaient lui parler des subsistances, il repondit aux officiers
municipaux que ce n'etait pas son affaire, que le premier b---- qui lui
parlerait de subsistances, il lui ferait mettre la tete a bas, et qu'il
n'avait pas le temps de s'occuper de leurs sottises. Cet insense ne croyait
avoir d'autre mission que celle d'egorger.
[Illustration: CARRIER A NANTES.]
Il voulait punir a la fois et les Vendeens rebelles, et les Nantais
federalistes, qui avaient essaye un mouvement en faveur des girondins,
apres le siege de leur ville. Chaque jour, les malheureux qui avaient
echappe au massacre du Mans et de Savenay arrivaient en foule, chasses par
les armees qui les pressaient de tous cotes. Carrier les faisait enfermer
dans les prisons de Nantes, et en avait accumule la pres de dix mille. Il
avait ensuite forme une compagnie d'assassins, qui se repandaient dans les
campagnes des environs, arretaient les familles nantaises, et joignaient
les rapines a la cruaute. Carrier avait d'abord institue une commission
revolutionnaire devant laquelle il faisait passer les Vendeens et les
Nantais. Il faisait fusiller les Vendeens, et guillotiner les Nantais
suspects de federalisme ou de royalisme. Bientot il trouva la formalite
trop longue, et le supplice de la fusillade sujet a des inconveniens. Ce
supplice etait lent; il etait difficile d'enterrer les cadavres. Souvent
ils restaient sur le champ du carnage, et infectaient l'air a tel point,
qu'une epidemie regnait dans la ville. La Loire, qui traverse Nantes,
suggera une affreuse idee a Carrier: ce fut de se debarrasser des
prisonniers en les plongeant dans le fleuve. Il fit un premier essai,
chargea une gabarre de quatre-vingt-dix pretres, sous pretexte de les
deporter, et la fit echouer a quelque distance de la ville. Ce moyen
trouve, il se decida a en user plus largement. Il n'employa plus la
formalite derisoire de faire passer les condamnes devant une commission: il
les faisait prendre la nuit dans les prisons, par bandes de cent et deux
cents, et conduire sur des bateaux. De ces bateaux on les transportait sur
de petits batimens prepares pour cette horrible fin. On jetait les
malheureux a fond de cale; on clouait les sabords, on fermait l'entree des
ponts avec des planches; puis les executeurs se retiraient dans des
chaloupes, et des charpentiers places dans des bat
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