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i vous ne pouvez partir, brulez tout, les Prussiens peuvent etre ici dans un quart d'heure. Nous revenons vers le ballon; les marins sont deja partis, et les rues sont sillonnees de bataillons de mobiles qui se retirent. Par surcroit de malheur, le vent a ete si violent qu'un accident irreparable est survenu. Le ballon, enleve par la rafale, s'est heurte contre les arbres; les caoutchoucs de la soupape ont ete enleves, les clapets se sont ouverts, et l'aerostat se vide; Gabriel Mangin acheve le degonflement. On nous avertit que les Prussiens vont arriver. Nous nous demandons s'il n'est pas prudent de mettre immediatement le feu a tout le materiel. Mais comment des aeronautes auraient-ils le courage de bruler leur navire? Nous preferons cacher le ballon dans l'usine, derriere un monceau de charbon. Le directeur nous avertit qu'il ne veut pas prendre la responsabilite de ce qui surviendra, mais bruler pour bruler, n'est-il pas preferable d'attendre au dernier moment? Nous allons a la gare du chemin de fer. --Tout est coupe, nous dit-on, les trains ne partent plus. Le bureau du telegraphe est desert. A la prefecture, nous apprenons que le prefet est parti. En ville, on dit partout que les Prussiens cernent Chartres, nous voila pris comme dans une souriciere, et en notre qualite d'aeronautes, nous ne tenons que mediocrement a etre presentes a nos ennemis. C'est ainsi que j'assiste a une premiere debacle, bien loin de me douter alors que ce spectacle n'est que le prelude insignifiant d'un drame epouvantable, dont nous allions voir les tableaux navrants se derouler devant nous pendant quatre mois. Les boutiques se ferment, les habitants rentrent, Chartres est un desert, mais derriere chaque porte, les coeurs palpitent, les femmes tremblent, et sans defense, sans moyens de secours, chacun attend avec anxiete. Le jour est bientot a son declin; il est certain que les Prussiens n'entreront ici que demain matin. Nous avons devant nous toute une nuit pour nous evader. Malgre l'ordre du commandant, nous voulons au moins sauver notre materiel, et nous courons la ville pour trouver une voiture a notre usage et une charrette pour le ballon. Mais le probleme est bien plus difficile a resoudre que nous ne pouvions le croire. Un premier loueur nous repond avec beaucoup de flegme: --Vous comprenez, messieurs, que ma voiture, escortee par un ballon, pourra certainement quitter Chartres, mais je ne suis pas bien sur qu'elle y
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