s conteste, c'est-a-dire
qu'il emploiera aux commodites de sa vie tout ce qu'un peuple entier
peut produire de richesse, de genie, de science et d'art.
Il pourra librement, vetu en bourgeois, parcourir sa bonne ville,
s'arreter parfois dans quelque guinguette, et finir toutes ses
excursions chez Marie Touchet qu'il aime sans passion, mais avec une
tendresse profonde. Voila ce que reve cet enfant de vingt ans; pour le
reste, il a ses conseillers, ses parlements, ses chanceliers et ses
ministres qui s'occuperont de l'administration de son royaume.
Il a bonne mine, c'est-a-dire qu'au lieu d'etre livide, comme a son
ordinaire, il est simplement pale.
Il semble meme qu'il y ait une sorte de fierte dans ses yeux, une fierte
qui etonne ses courtisans, inquiete Guise, et fait rever Catherine.
C'est qu'il s'est passe une chose que toute la cour ignore:
Marie Touchet a accouche d'un beau garcon bien rable, solide, criard,
plein de vie; Charles IX est pere!... Un nouveau petit Valois est au
monde; et le roi songe quel titre il pourra bien lui conferer.
Il veut s'occuper de ce fils... et, pour cela, il faut que l'ere
paisible predite par sa mere se realise enfin.
Jetons aussi un coup d'oeil dans le logis de Marie Touchet.
Maris Touchet, c'est la fille du peuple, avec toutes ses exquises
delicatesses. Si nous penetrons chez elle, nous la trouvons penchee sur
le berceau de son fils; car, depuis quelques jours, elle est relevee de
ses couches, et desormais elle ne vit plus que pour cet enfant.
Quel calme dans ce logis! quelle proprete!... Quelle modestie aussi!...
modestie charmante qui ne va pas sans coquetterie. Dans la chambre a
coucher aux meubles de noyer cire, toute claire, voici le berceau ou
dort le duc d'Angouleme. Au-dessus du berceau, un beau portrait de
Charles IX en bourgeois. Le roi sourit dans son cadre. Et Marie lui
sourit lorsque parfois son regard se leve de l'enfant jusqu'au pere.
Passons maintenant a des personnages plus actifs.
Panigarola, dans son couvent, medite la destruction des huguenots et la
mort de son rival Marillac. Etrange physionomie que celle de ce moine
incroyant pousse a la haine par l'amour, devenu a son insu le redoutable
instrument que manie la sainte Inquisition!
Le duc de Guise s'apprete pour la supreme conquete. Son plan est d'une
effrayante simplicite: le roi parait resister au mouvement de foi
apostolique et romaine qui veut sauver l'Eglise en exterminant la
reformat
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