ion,
elle dit tres simplement:
--Vous avez bien fait d'epargner M. de Marillac; il est de mes amis...
Et l'autre?
--L'autre, madame! Daigne Votre Majeste me permettre de lui rappeler une
promesse qu'elle a bien voulu me faire?
--Laquelle? dit la reine etonnee.
--Madame, je porte au visage une marque ineffacable. Tant que je n'aurai
pas venge d'effroyable maniere l'insulte...
--Ce coup de fouet? dit la reine.
--Oui, madame, fit Maurevert en grincant des dents. On dirait, en effet,
un coup de cravache... Eh bien, madame, l'homme que j'ai pris devant le
couvent, c'est celui qui m'a marque!
--Le chevalier de Pardaillan?
--Oui, Majeste...
"Ah! decidement, songea Catherine, en fremissant de joie, c'est un homme
admirable que ce Maurevert!"
--Madame, reprit le bravo, j'ose vous rappeler que vous m'avez donne cet
homme pour en faire ce que bon me semblerait...
--Ou est-il? demanda Catherine.
--Enferme dans une cellule de couvent.
--Et ou voulez-vous le mettre?
--A la Bastille, si Votre Majeste m'en donne l'ordre.
--Et que voulez-vous faire de ces deux hommes? reprit-elle tout a coup.
--Votre Majeste a dit: ces deux hommes?
--Oui, l'autre... le pere, le vieux truand, a ete pris chez M. le
marechal de Damville qui m'en a fait prevenir: il est au Temple. M. le
marechal, pour des raisons que j'ignore, m'a demande un ordre d'avoir
a questionner ce vieux diable a quatre. M. le marechal veut assister
lui-meme a la question. Mais tout cela est assez grave, en somme.
Aucun jugement n'a ete pris... J'avoue que je suis assez surprise de
l'attitude du duc de Damville; il veut faire la un metier qui n'est pas
le sien... Ah! est-ce que, par hasard, le Pardaillan possederait des
secrets precieux?
--Que Votre Majeste m'en donne l'ordre et je saurai bien lui arracher
ces secrets!
--Vous comprenez que je n'ai aucun sujet de haine contre ce Pardaillan
auquel vous en voulez tant...
--Le chevalier a insulte Votre Majeste en plein Louvre...
--Ce n'est pas bien sur qu'il ait eu pensee de m'offenser. Et ce jeune
homme a d'ailleurs rendu un grand service au roi en sauvant un jour sa
cousine d'Albret qu'il tira d'une fort mauvaise situation. Helas! pauvre
reine de Navarre!... Cela ne l'a pas empechee de mourir... c'est un
grand malheur...
Maurevert eut vainement entrepris de suivre la pensee tortueuse de la
reine.
Elle reprit avec un soupir:
--Je vous ai donne ces deux hommes, je ne m'en dedirai
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