trone,
des la mort escomptee de Charles IX, et de gouverner en souveraine
maitresse sous le nom de son fils prefere.
Toute cette laborieuse combinaison etait sur le point d'aboutir: par
Alice et Panigarola, elle tenait Marillac; Charles IX, epouvante et
tremblant, persuade que les huguenots conspiraient sa mort, devenait un
instrument docile; les Guise etaient prets a se ruer dans Paris, le fer
et la torche a la main.
Catherine etait donc plus paisible, plus heureuse que nous ne l'avons
jamais vue.
Si nous passons de la reine au comte de Marillac, de la mere au fils,
nous voyons que Deodat vient de recevoir le double coup d'un bonheur
imprevu.
Le pauvre jeune homme s'imagine avoir enfin touche le coeur de sa mere,
et Catherine l'amuse par la fantasmagorie de sa maternite a demi avouee.
De plus, le comte a retrouve toute sa serenite d'amour pour Alice.
Les soupcons vagues, imprecis qu'il a pu concevoir, se sont evanouis
sous le souffle de Catherine. Il n'a pas cesse un moment d'adorer Alice
de Lux; mais, maintenant, il est sur d'elle...
L'epoque de son mariage approche.
Un grand chagrin, pourtant, a traverse cette felicite: Jeanne d'Albret
est morte!...
C'est-a-dire tout ce que le comte a venere jusque-la! Mais ce chagrin
lui-meme s'efface lorsque Deodat songe qu'il a retrouve une mere et une
fiancee...
Encore un qui est heureux!...
Quant a Alice de Lux, la mort de Jeanne d'Albret lui a ote le plus cruel
de ses soucis. Seule, la reine de Navarre eut eu interet a la separer
du comte. Seule, elle pouvait et devait la denoncer... La reine morte,
Alice a respire.
Catherine de Medicis lui a promis la supreme recompense de ses services.
Elle epousera le comte de Marillac!...
Une encore qui se persuade qu'apres tant d'orages, elle est enfin
arrivee au port d'un bonheur si durement conquis!...
Charles IX attend sans impatience le grand evenement que lui a promis sa
mere. Il ne sait pas au juste ce qui doit se passer. Il sait qu'il n'y
aura plus de tracas, plus d'ennuis, plus de guerres; il pourra courir
les bois, chasser le cerf et le sanglier, sans se demander a chaque
instant si l'un des chasseurs qui l'accompagnent ne va pas le tuer; il
pourra etudier de nouveaux airs sur le cor; enfin, vivre a sa guise.
Des lors, pense-t-il, les crises effrayantes qui, a la moindre emotion,
le jettent dans des delires tantot furieux, tantot desesperes, ces
crises ne se renouvelleront plus. Il regnera san
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