nt pas posees, n'attendez plus rien de cette assemblee.
Cinquante ans d'anarchie vous attendent, et vous n'en sortirez que par un
dictateur, vrai patriote et homme d'etat... _O peuple babillard! si tu
savais agir_!..."
La lecture de cette piece est souvent interrompue par des cris
d'indignation. A peine est-elle achevee, qu'une foule de membres se
dechainent contre Marat. Les uns le menacent et crient: A l'Abbaye! a la
guillotine! D'autres l'accablent de paroles de mepris. Il ne repond que
par un nouveau sourire a toutes les attaques dont il est l'objet. Boileau
demande un decret d'accusation, et la plus grande partie de l'assemblee
veut aller aux voix. Marat insiste avec sang-froid pour etre entendu. On
ne veut l'ecouter qu'a la barre; enfin il obtient la tribune. Selon son
expression accoutumee, _il rappelle ses ennemis a la pudeur_. Quant aux
decrets qu'on n'a pas rougi de lui opposer, il s'en fait gloire, parce
qu'ils sont le prix de son courage. D'ailleurs le peuple, en l'envoyant
dans cette assemblee nationale, a purge les decrets, et decide entre ses
accusateurs et lui. Quant a l'ecrit dont on vient de faire la lecture, il
ne le desavouera pas, car le mensonge, dit il, n'approcha jamais de ses
levres, et la crainte est etrangere a son coeur. "Me demander une
retractation, ajoute-il, c'est exiger que je ne voie pas ce que je vois,
que je ne sente pas ce que je sens, et il n'est aucune puissance sous le
soleil qui soit capable de ce renversement d'idees: je puis repondre de la
purete de mon coeur, mais je ne puis changer mes pensees; elles sont ce
que la nature des choses me suggere."
Marat apprend ensuite a l'assemblee que cet ecrit, imprime en placards, il
y a dix jours, a ete reimprime, contre son gre, par son libraire; mais
qu'il vient de donner, dans le premier numero du _Journal de la
Republique_, un nouvel expose de ses principes, dont assurement
l'assemblee sera satisfaite, si elle veut l'ecouter.
On consent en effet a lire l'article, et l'assemblee apaisee par les
expressions moderees de Marat, dans cet article intitule _Sa nouvelle
marche_, le traite avec moins de rigueur; il obtient meme quelques marques
de satisfaction. Mais il remonte a la tribune avec son audace ordinaire,
et pretend donner une lecon a ses collegues sur le danger de l'emportement
et de la prevention. Si son journal n'avait pas paru le jour meme, pour le
disculper, on l'envoyait aveuglement dans les fers. "Mais, dit-il, en
montran
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