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u y mettre bon ordre. En fait de biographie la verite est quelque chose, mais surtout en fait d'autobiographie--et cependant on aura peut-etre de la peine a me croire, quand je declarerai, avec toute la solennite possible, que mon pauvre pere me placa, vers l'age de quinze ans, dans la maison de ce qu'il appelait "un respectable marchand au detail et a la commission faisant un gros chiffre d'affaires!"--Un gros chiffre de rien du tout! La consequence de cette folie fut qu'au bout de deux ou trois jours j'etais renvoye a mon obtuse famille, avec une fievre de cheval, et une douleur tres violente et tres dangereuse au sinciput, qui se faisait sentir tout autour de mon organe d'ordre. Peu s'en fallut que je n'y restasse--j'en eus pour six semaines--les medecins pretendant que j'etais perdu et le reste. Mais, quoique je souffrisse beaucoup, je n'en etais pas moins un enfant plein de coeur. Je me voyais sauve de la perspective de devenir "un respectable marchand au detail et a la commission, faisant un gros chiffre d'affaires", et je me sentais rempli de reconnaissance pour la protuberance qui avait ete l'instrument de mon salut, ainsi que pour la genereuse femme, qui m'avait originairement gratifie de cet instrument. La plupart des enfants quittent la maison paternelle a dix ou douze ans; j'attendis jusqu'a seize. Et je ne crois pas que je l'aurais encore quittee, si je n'avais un jour entendu parler a ma vieille mere de m'etablir a mon propre compte dans l'epicerie. L'epicerie!--Rien que d'y penser! Je resolus de me tirer de la, et d'essayer de m'etablir moi-meme dans quelque occupation _decente_, pour ne pas dependre plus longtemps des caprices de ces vieux fous, et ne pas courir le risque de finir par devenir un genie. J'y reussis parfaitement du premier coup, et le temps aidant, je me trouvai a dix-huit ans faisant de grandes et profitables affaires dans la carriere d'_annonce ambulante_ pour tailleur. Je n'etais arrive a remplir les onereux devoirs de cette profession qu'a force de fidelite rigide a l'instinct systematique qui formait le trait principal de mon esprit. Une _methode_ scrupuleuse caracterisait mes actions aussi bien que mes comptes. Pour moi, c'etait la methode--et non l'argent--qui faisait l'homme, au moins tout ce qui dans l'homme ne dependait pas du tailleur que je servais. Chaque matin a neuf heures, je me presentais chez lui pour prendre le costume du jour. A dix heures, je me trouvais dans quelque
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